Le Président Hollande est venu en visite, précédé de Jean Michel Baylet et dans l’auréole des cendres de Michel Rocard. Les natios ont espéré que sa parole, libérée de toute contrainte électoraliste, inviterait les politiciens français à aller plus loin et plus vite dans la voie d’émancipation du Peuple Corse. Les conditions préalables étant réunies : cessation de la clandestinité et option de l’échange démocratique.
Dès la sortie de l’hémicycle de François Hollande, une déception pouvait se lire sur les visages, les commentaires fusèrent. Et pourtant je trouve qu’il a fait le maximum, conforme à l’homme de prudence qu’il est, conforme au statut de chef d’État en fin d’exercice plongé dans une crise énorme interne et mondiale. Que pouvait-il promettre ? Quel message pouvait-il lancer pour l’Histoire ?
Les primaires hexagonales poussent à des images d’une fin de régime de la Ve République.
Multitude de candidats, les désignés, les moins attendus créent la surprise… ils ont du mal à rassembler la famille pour espérer gagner, un exploit. La campagne électorale est polluée par les règlements de comptes politiciens, les scandales d’argent public, l’ouverture d’enquêtes donnant corps à l’opinion « tous des pourris »… faute d’union, des rafistolages avec des centristes, des Verts, des amorces de pêche à ligne…
Avant le rassemblement du Trocadéro de dimanche après-midi, des rats avaient quitté la goélette Fillon, le naufrage semblait éminent. Suspens, un peu de temps gagné, on reste dans le triangle des Bermudes.
Lundi, les instances du parti Les Républicains vont se réunir…
dans l’impasse.
Le pire est possible.
À l’échelle de la planète, rien qui rassure. Trump et Poutine de collusion avant et après Obama ? Et aujourd’hui on annonce qu’Obama aurait fait « écouter » Trump pendant la campagne électorale. Il ne risque pas la destitution comme Nixon mais a-t-il un risque pénal ?
En Europe, comme aux USA, on dresse des murs pour arrêter les flux d’émigrés venant du Sud fuyant la misère (la famine persiste en Afrique), mais déstabilisant les pays d’accueil.
La construction européenne est en panne : Brexit, demain peut être Grexit. Financements en baisse. Des coupes dans des projets, dans les budgets, des choix douloureux à faire… Pas de retour en arrière possible.
Pendant ce temps les chinois prennent le relais des Émirs du Moyen Orient : ils achètent des terres, des sociétés et ils détiennent l’essentiel de la dette américaine. Mais ils doivent dépolluer pour respirer sans risque et sans masque.
Crise planétaire, crise de confiance, prélude d’une ère nouvelle, à quel prix? Le Progrès à la sortie d’un chaos ?
Que pouvait faire de mieux un François Hollande Président sursitaire que ce qu’il a fait ? Il a fait son bilan corse, guère pire que ceux qui l’ont précédé. La collectivité unique, le statut d’Île Montagne, dix ans de rallonge pour les Arrêtés Miot, parc marin du Cap Corse, PEI non clôturé, secours aux sinistrés climatiques récents, ce qui est habituel mais qu’il a confirmé lors de sa visite.
Cependant, mine de rien, il a donné un peu de ressort à la majorité CTC. Il s’est satisfait de l’apaisement enfin trouvé, il a souligné le sens des responsabilités lors des frictions du Jardin de l’Empereur et de Siscu, la volonté de dialogue. Il a rappelé que faute de majorité des 2/3 au Congrès de Versailles, il n’a pas pu envisager la moindre réforme de la Constitution et donc pour éventuellement la coofficialité et le statut de résident.
Si c’est un alibi qui l’arrange, il est difficile à rejeter.
Pas d’éclat, pas de précipitation, des petits pas qui, face aux besoins des insulaires, donnent l’impression de faire du sur place.
Vrai et faux ! Il lui est difficile de faire mieux, Président d’une Ve République en crise dans un monde en crise, et poussé dehors par la meute des vizirs qui rêvent d’être à la place du Vizir. Contradiction pour le gardien d’une République jacobine : étau à rompre ou à assouplir ?
Tout ce qui a été fait par ses gouvernements est notoirement insuffisant si la République, avec nous, veut sauver le Peuple Corse en péril. Il remonte un peu la corde quand il prononce « Peuple Corse » à trois reprises (Baylet s’est déclaré girondin et non jacobin, fédéraliste !) En faisant référence à Mitterrand et à Rocard, il se couvre. Il a pris ces quelques mesures quand il se préparait à renoncer, il a enfoncé le clou de l’idée de Peuple Corse, du droit à la différence. Ce n’est pas rien. Mais en même temps, en récitant le « Soyez vous-mêmes ! », il énonce une vérité natio primordiale et en tire en douce la conséquence à savoir que d’autres évolutions seront possibles si démocratiquement la volonté d’être un Peuple et de le rester se renforce.
Je ne sifflerais pas François Hollande, je n’en ai plus envie. Je n’irai pas jusqu’à l’applaudir. Il est venu bien tard. A-t-il conscience de nous avoir rappelé que la solution est en Corse chez les Corses. Quel que soit le Président et le contexte de crise, un peuple est seul face à lui-même quant il lui faut lutter pour survivre.