Maurits Coppieters (1920-2005) était un homme politique flamand qui s’est battu toute sa vie pour la reconnaissance des droits du peuple flamand. Président du mouvement populaire flamand, le Vlaamse Volksbeweging, (1957-1963), puis député à la chambre des représentants de Belgique (1965-1971), avant de devenir sénateur (1979-1979) puis député européen (1979-1981), il est l’homme qui, un jour de 1979, à Bastia, a déclaré qu’il serait le député européen des Corses en l’absence de député corse !
Ce même jour, le 17 août 1979, lors du congrès de l’UPC, la déclaration de Bastia, véritable acte fondateur de l’Alliance Libre Européenne (ALE), a été adoptée par de nombreux partis nationalistes venus des quatre coins d’Europe. En 2007, le Centre Maurits Coppiters (CMC), dont Arritti est membre co-fondateur, est créé. Politiquement lié à l’ALE, le CMC veut devenir la maison commune des différentes fondations politiques nationalistes mais aussi un véritable laboratoire des idées, un centre de recherches académiques : le « think tank » des nationalistes au niveau européen, en somme. Et avec 12 membres, dont Arritti et le Peuple breton, et cinq associés en moins de 10 ans, le CMC est un véritable succès ! Il ne lui manquait plus qu’une certaine visibilité qu’il vient d’acquérir en créant le Prix Coppieters.
Alex Salmond, premier lauréat Le Prix Coppieters a été créé le 11 novembre 2015, 10 ans, jour pour jour, après la mort du fondateur de l’ALE. Il a pour but d’honorer des individus ou des organisations qui, à l’instar de Maurits Coppieters, se sont battus pour la diversité culturelle et linguistique, le dialogue interculturel, l’auto-détermination, le droit des minorités, la paix, la démocratie et l’unité de l’Europe. Pour ce premier Prix Coppieters, il ne pouvait y avoir meilleur lauréat qu’Alex Salmond. Leader du SNP (1990-2000 et 2004-2014), il remporte par deux fois les élections écossaises (2007 et 2011) et devient le premier Premier Ministre écossais nationaliste de l’Histoire (de 2007 à 2014). Fort de sa majorité absolue remportée en 2011, il est l’homme du référendum sur l’indépendance et malgré une défaite électorale (55% de non), tout le monde reconnaît qu’il a remporté son pari, le peuple écossais se pense en nation libre, progressiste et européenne. Au lendemain de sa défaite, il démissionne et laisse sa place de Premier Ministre à Nicola Sturgeon. Puis en 2015, il est élu député SNP à Westminster.
Mais le Prix Coppieters ne récompense pas seulement l’homme politique le plus intelligent de sa génération comme le qualifient certains médias britanniques pourtant hostiles à l’homme mais aussi l’ensemble de son oeuvre politique, son combat contre la guerre en Irak quand, député à Westminster, il s’était opposé à Tony Blair et sa folie guerrière. Le Prix souligne aussi l’Européen qu’il est, lui qui s’est battu pour que l’Écosse garde sa place dans l’Union européenne, que ce soit lors du référendum sur l’indépendance (2014) ou celui sur le Brexit (2016). Enfin, ce Prix honore aussi le progressiste car, Premier Ministre, il a notamment conservé l’accès gratuit à l’université quand Londres triplait les droits universitaires ailleurs dans le Royaume-Uni, il a fait adopter la loi pour que les couples de même sexe puissent se marier, et il a protégé le NHS, la sécurité sociale, quand Londres faisait des coupes sombres dans les budgets sociaux.
Un Prix européen ! Le Prix Coppieters a donc été remis à Bruxelles ce mercredi 14 décembre 2016. Et pour un premier Prix, les invités étaient prestigieux : Daniel Turp, Professeur de droit international et constitutionnel au Québec, Marta Rovira, députée au Parlement Catalan et secrétaire générale d’ERC (gauche indépendantiste au gouvernement en Catalogne), Tasmina Ahmed-Sheikh, députée SNP à Westminster, et Geert Bourgeois, Ministre-Président nationaliste de la Flandre.
Tous ont souligné l’oeuvre politique d’Alex Salmond, que ce soit son combat pour la justice sociale nécessaire si l’on veut créer une nation sans laisser personne sur le bord du chemin, son combat pour la démocratie et la paix qui forment le cadre dans lequel notre nationalisme doit se développer et son combat pour l’Europe, si l’on veut renforcer la solidarité entre les peuples.
Il ne pouvait y avoir de meilleur premier lauréat que ce grand Monsieur ! Et comme il l’a dit lui-même au lendemain du référendum écossais :
« The dream shall never die! » : «Le rêve ne doit jamais mourir ! »
Roccu Garoby, Vice-Président de l’Alliance Libre Européenne-Jeune.