Ukraine

La guerre impitoyable de Vladimir Poutine

« Viva la muerte ! » avait été le cri de ralliement des légions franquistes en train d’écraser les républicains en Espagne. Il pourrait être aujourd’hui celui des « légions Poutine » qui veulent écraser dans le sang la résistance ukrainienne. La défaite des forces démocratiques dans les années 30 en Espagne avait entrainé des conséquences terribles, quarante années de dictature, particulièrement ressenties au Pays Basque et en Catalogne. L’Ukraine pourrait bien connaître le même sort ! Pèserait alors sur l’Europe une menace dont la dictature russe fera usage à chaque instant.

 

 

Le scénario ukrainien est semblable aujourd’hui à celui de l’Espagne de 1935, à savoir l’invasion par des forces militairement supérieures, en vue d’instaurer, contre la volonté du peuple, un régime autoritaire et dictatorial.

Il n’est pas besoin d’être grand stratège pour comprendre le déroulement des opérations militaires. L’armée russe bombarde à coups de missiles tirés depuis la Russie, depuis la Crimée, et depuis les navires stationnés en Mer d’Azov et en Mer Noire, tandis que l’aviation lâche ses bombes depuis la haute altitude pour s’assurer d’échapper aux missiles défensifs tirés depuis le sol par l’armée ukrainienne. D’où des bombardements largement approximatifs qui jettent la mort et l’effroi dans les populations civiles. Ce qui est de toutes façons le but recherché.

Une fois le « nettoyage aérien » accompli, les chars avancent et couvrent la progression au sol de l’armée russe. Elle se heurte à la forte résistance des soldats ukrainiens appuyés sur leurs ouvrages de défense, même si ces derniers ont souffert des bombes. Si l’attaque est repoussée, les bombardements reprennent. Puis les chars. Jusqu’à ce que l’armée présente sur le champ de bataille soit encerclée.

Après, c’est une question de temps. En insécurisant intentionnellement les évacuations de civils durant les phases préalables, les Russes ont réduit la durée de résistance des forces armées adverses car elles doivent alors partager les vivres stockés tandis que le ravitaillement ne peut plus se faire.

Cette volonté de couper les lignes de ravitaillement est ainsi à l’œuvre ville par ville ; il s’étend même désormais à tout le pays qui est soutenu par les livraisons d’armes et de vivres venus de l’ouest. D’où l’utilisation « en avant-première » des derniers nés des missiles russes qui vont détruire des stocks très loin dans l’ouest du pays. L’engagement européen est suffisamment fort pour compenser ces pertes et pour l’instant la résistance ukrainienne peut tenir à Kiev. Mais à Marioupol, c’est probablement déjà trop tard.

De toutes façons, la chronique des combats fait état de la résistance ukrainienne ayant pu engranger des victoires en repoussant les assauts de l’armée russe ; mais il n’y a aucun récit de contre-attaques ukrainiennes ayant repris le terrain perdu. Ce qui revient à admettre que les Russes progressent inexorablement.

 

Jusqu’à quand les Ukrainiens pourront-ils ainsi tenir avec l’appui de ceux qui les ravitaillent depuis l’ouest ? Suffisamment, espère-t-on, pour attendre que les effets des sanctions économiques aient commencé à assécher les finances de Poutine, et donc le rythme des offensives russes. On imagine que Kiev pourra tenir un certain temps. Mais tout ce qui est plus à l’Est, notamment les territoires qui bordent la Mer d’Azov, seront probablement rapidement défaits.

Dès lors les troupes rendues disponibles convergeront vers Kiev et les grandes villes qui résisteront encore. Et ainsi de suite, jusqu’à la capitulation attendue par Vladimir Poutine.

On ne voit pas bien de scénario alternatif. Même s’il devait finir ruiné par les sanctions, Poutine préférera cela à un échec militaire qui serait pour lui une humiliation suprême. Et de toutes façons, dans sa logique du rapport de forces, il imagine que sa victoire finale permettra ensuite d’obtenir rapidement la levée de ces sanctions par la voie diplomatique. Car d’autres enjeux surgiront, en Chine par exemple, et le martyre du peuple ukrainien sera alors assez vite oublié.

Pour éviter ce scénario en Ukraine, puis dans les pays qui seront dans le collimateur après elle, il faudrait en faire plus que ce qui a été décidé jusqu’à présent. Mais l’Europe n’est manifestement pas prête pour cela. •

F.A