Luiz Inácio de Lula da Silva a été élu avec 50,9 M de voix, Président du plus grand pays d’Amérique du Sud (215M d’habitants et 156 millions d’électeurs). Il devance de 2,1M suffrages le président sortant d’extrême-droite Jair Bolsonaro (49,1 %).
La mandature Bolsonaro aura été marquée par une déforestation record (60 %) de la partie brésilienne de la forêt primaire d’Amazonie. Avec l’ensemble des forêts du Brésil, la déforestation moyenne annuelle au Brésil a augmenté de 75 % sous Bolsonaro, au profit de l’exploitation d’huile de palme et d’un élevage massif pour fournir l’ultra-consommation mondiale de viande. En même temps, les peuples autochtones qui vivent de ces forêts ont été durement réprimés (augmentation de +54 % des homicides environnementaux). Suppression du ministère de l’Écologie et baisse drastique des fonds dédiés à l’environnement, son régime a été qualifié « d’écocidaire » au point que le pays « poumon vert » de la planète rejette aujourd’hui plus de CO2 qu’il n’en absorbe !
Bolsonaro, c’est également l’apparition de milices paramilitaires, véritables organisations criminelles qui systématise en toute impunité la torture et la justice expéditive, au point de supplanter la violence des narcotrafiquants.
Son régime ultralibéral a été marqué par l’accroissement des inégalités dans un pays qui compte 55M de pauvres (moins de 2 dollars de revenus par jour), dont plus du tiers est victime de famine. 25 % des classes moyennes sont aussi particulièrement vulnérables. Pourtant le Brésil est classé 9e économie mondiale, une richesse qui profite à seulement 1 % de la population, creusant le fossé social. Le régime Bolsonaro, homophobe, raciste, sexiste, violent dans ses mots et dans ses actes, a réprimé gratuitement toutes les communautés qui n’entraient pas dans ses « normes » : gais, militants de gauche, médias… Il a été inculpé de « crimes contre l’humanité » pour sa gestion de la crise Covid (plus de 687.000 morts). Il a menacé de ne pas respecter le résultat des élections en cas de défaite…
Lula : l’antithèse de Bolsonaro
Lula, c’est l’antithèse. Ouvrier métallo, leader syndical, il a été élu président de 2003 à 2011 durant lesquelles il sort 30M de Brésiliens de la misère, instaure un salaire universel pour les plus pauvres, réduit de 70 % la déforestation, et quitte la présidence avec 87 % de satisfaits. Mais la corruption qui mine le pays depuis toujours le vise. Il est accusé d’avoir bénéficié de dessous de table dans un scandale judiciaire qui fait tomber ministres et députés et est victime d’une campagne médiatique acharnée. D’aucuns dénoncent la manipulation, l’absence de preuves, le dénigrement orchestré par l’extrême droite et les services secrets américains… Le magistrat qui l’a persécuté, Sergio Moro, sera d’ailleurs nommé ministre par Bolsonaro. Lula, qui a toujours crié son innocence, est condamné à 9 ans de prison pour corruption passive en 2017, puis 12 ans en appel en 2018. En 2019, des écoutes téléphoniques révèlent la machination et l’entente entre procureur et magistrats. Sergio Moro y reconnaît l’avoir condamné « pour des faits indéterminés » ajoutant qu’il n’avait jamais affirmé que Lula avait bénéficié « d’avantages indus » ! En 2021, la Cour Suprême le blanchit et ordonne sa libération après 18 mois d’emprisonnement.
De nouveau élu président du Brésil, il aura fort à faire face à la corruption, l’immense pauvreté, la criminalité et les milices !
En attendant, son élection fait figure de répit pour l’Amazonie… et pour la planète ! •