Contre le dégel du corps électoral en Nouvelle-Calédonie

Plus d’une centaine de personnes devant la préfecture de Bastia le 11 mai

Plusieurs dizaines de personnes étaient présentes en soutien aux kanaks ce samedi. La manifestation s’est tenue devant la préfecture de Bastia, à l’initiative de Yoël Attawa, président de l’association Corsikanaky, et a rassemblé les ressortissants de la communauté kanak de Corse. Au rendez-vous également en plus des manifestants anonymes, les leaders et membres de plusieurs mouvements corses. Femu a Corsica, Nazione, Core in Fronte, Socialismu o Barbaria, Ghjuventù di Manca, le comité de jumelage Corse-Arménie ou encore des représentants syndicaux ont témoigné de leur solidarité avec le peuple Kanak durant cet épisode inquiétant de leur Histoire.

 

 

C’est un fait d’actualité qui est boudé par les médias français, et pourtant : depuis maintenant plus d’un mois, les kanaks ont investi la rue en masse pour protester contre le dégel du corps électoral. Pour rappel, cette décision votée par le sénat début avril accorde le droit de vote aux élections provinciales aux résidents depuis 10 ans sur le territoire de Nouvelle-Calédonie, contre minimum 20 ans au moment des Accords de Nouméa en 1998 et en vigueur jusqu’à présent. Une vague d’électeurs, majoritairement des français de métropole, qui vient déséquilibrer la scène politique, rendant les kanaks minoritaires dans les sujets qui les concernent le plus directement.

L’inquiétude demeure sur les conséquences très prévisibles de cette décision de la part de l’État, prise sans se soucier du processus démocratique établi par les Accords de Nouméa, est un signe bien sinistre envoyé aux peuples dont l’autodétermination est en jeu. Au moment où les discussions concernant l’autonomie de la Corse n’ont jamais été aussi près d’aboutir, certainement un malheureux hasard du calendrier, les habitudes colonialistes restent visiblement bien ancrées. Un pas en avant, deux en arrière ?… •

Léa Ferrandi.