Villers Cotterêts

Où est le respect de la diversité ?

La Cité internationale de la langue française a été inaugurée par Emmanuel Macron. Une fois de plus on manipule l’histoire afin de justifier une politique d’uniformisation des langues et des cultures. Cette volonté d’écrire un chapitre de plus d’un « roman national » se fait au détriment de la diversité des langues sur le territoire de la République.

 

 

Que l’on dépense 200 millions d’euros afin de renouer un lieu et en faire une « cité internationale de la langue française », pourquoi pas ? Mais le patrimoine ne se limite pas à des pierres. Le patrimoine vivant des langues dites régionales est en péril. Et pourtant, dans la Constitution, il est inscrit que ces langues sont le patrimoine de la France (article 75-1) article que le Conseil Constitutionnel méprise ouvertement, encore récemment lors de sa décision de censure de la loi Molac. Les réformes constitutionnelles projetées par le Président de la République doivent impérativement prévoir de renforcer les droits constitutionnels de nos langues, pour leur transmission par l’enseignement, y compris immersif, et pour leur libre usage sur les territoires concernés.

Pourquoi l’État ne fait-il pas les mêmes efforts budgétaires en faveur d’un patrimoine linguistique qui ne cesse de se dégrader en raison d’une politique discriminatoire séculaire ? On constate que depuis des années tout est fait pour empêcher le moindre progrès dans le domaine de la reconnaissance de nos langues. Il y a deux ans à peine c’est le gouvernement lui-même qui a tout fait pour vider la loi Molac de sa substance alors même qu’elle avait été votée par une large majorité de députés et de sénateurs.

Pour être historiquement justes, rappelons que l’ordonnance royale de François 1er a été signée alors même que de nombreux territoires actuels de la République n’étaient pas dans le royaume de France. Cette ordonnance célébrée dans le château de Villers-Cotterêts a pourtant servi, et sert encore, à la République pour refuser à nos langues le droit de vivre et de se développer.

Le principe de l’égalité des langues et des cultures est un principe universel. Nous ne créerons de la cohésion sociale qu’en reconnaissant et en appliquant ce principe chez nous. Sinon à quoi bon se plaindre de voir la société se fracturer si l’on ne sait pas respecter l’autre dans sa langue et sa culture ? •

David Grosclaude, co-porte-parole de Régions et Peuples Solidaires.