Pierre Alessandri va enfin pouvoir s’orienter sur la voie de la réinsertion et la Corse retrouver un peu d’appaisement. La décision vient de tomber : le régime de semi-liberté vient d’être accordé pour Pierre Alessandri. La Chambre d’application des peines de la Cour d’Appel de Paris a accordé l’aménagement de peine qui était dû depuis maintenant 6 ans, et réclamé inlassablement par toute la classe politique, des résolutions unanimes de l’Assemblée de Corse et du Conseil exécutif, et au-delà de la Corse, par des élus et citoyens de tous bords, comme simple justice et application du droit. Un geste… hélas trop tardif et au goût amer, lorsque l’on pense à Yvan Colonna qui a payé de sa vie le refus obstiné de l’État de faire appliquer ses propres lois et les principes qui prévalent au niveau international en matière de droits de l’homme.
Quelques premières réactions*…
Femu a Corsica
« Le Droit et l’équité ont finalement réussi à s’imposer. Les demandes démocratiquement formulées par les familles, les associations, l’Assemblée et le Conseil exécutif de Corse, les parlementaires de l’île, les communes et intercommunalités, les acteurs de la société civile, ont enfin été entendues.
Après 3 refus injustes et incompréhensibles cassés par la Cour de cassation en octobre dernier, la Cour d’appel de Paris a accordé, ce jour, la semi-liberté à Pierre Alessandri, détenu depuis près de 24 ans et libérable depuis 2017.
Il convient tout de même de rappeler que pour Yvan Colonna, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, le rapprochement sur leur terre était de droit. Il était aussi la position exprimée à plusieurs reprises de façon solennelle et unanime tant par l’Assemblée de Corse et le Conseil exécutif de Corse, que par de très nombreux maires, parlementaires, élus et organisations humanitaires, en Corse comme à l’extérieur de l’île.
Il aura hélas fallu attendre l’assassinat en prison d’un patriote, Yvan Colonna, et les mobilisations populaires qui s’en suivirent pour que soit levé le statut de DPS de Pierre Alessandri et Alain Ferran-di, et qu’ils soient effectivement rapprochés au printemps dernier.
Ceci étant, nous actons aujourd’hui cette avancée positive pour ouvrir de nouveaux chemins pour la Corse. Cette décision est conforme au droit et à la justice, aspiration partagée par la société corse dans toutes ses composantes. Elle s’inscrit dans les logiques de démocratie, de dialogue et d’apaisement, qui prévalent en Corse depuis des années.
Nous attendons maintenant que le même sort soit réservé à Alain Ferrandi, et que tous les éclaircissements nécessaires à l’émergence de la vérité soient apportés concernant l’assassinat d’Yvan Colonna.
Nous rappelons que dans l’histoire contemporaine de la Corse, les négociations politiques ont toujours pris en compte la question des prisonniers politiques. De même, dans tous les conflits du monde, cette question a toujours été intégrée aux discussions des processus de paix et de réconciliation.
Par conséquent, nous réaffirmons que les sujets liés aux derniers prisonniers et anciens prisonniers politiques (retour à la liberté, condamnation pécuniaires, Fijait) devront eux aussi trouver une issue favorable.
Car ce qui est en jeu, aujourd’hui, à quelques jours de la commémoration des 25 ans de la mort du préfet Claude Erignac, et à quelques semaines des 1 an de la mort d’Yvan Colonna, c’est la reprise du processus de négociations entre la Corse et Paris, autour de la construction d’une solution politique globale intégrant notamment la reconnaissance du peuple corse et de ses droits fondamentaux (à la langue, à la culture, à l’identité, à la terre, à la vie…), l’avènement d’un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice pour la Corse, et la lutte contre la dépossession foncière, comme points d’équilibres nécessaires et possibles.
C’est un chapitre nouveau des relations entre la Corse et la République Française qu’il convient d’écrire. Celui d’un avenir fait d’espoir et de paix, pour la Corse, son peuple, sa jeunesse.
In issa stonda, ci ralligremu d’issa decisioni pà Petru Alessandri è pà i soii.
Aspittemu avali a decisioni pà Alanu Ferrandi u 23 di frivaghju chì veni. Devi anch’edda andà in u sensu di a libertà è di a ghjustizia.
Pinsemu di sicuru à Yvan Colonna, è a so famiglia. Bramemu più chì mai a ghjustizia è a verità pà Yvan !
« Libertà… Anderà… Libertà… » •
Partitu di a Nazione Corsa
« Il aura fallu des années en trop, un drame et un peuple en révolte pour que le Droit soit finalement appliqué.
La justice a enfin dit oui au régime de semi-liberté demandé par Petru Alessandri. Nous ne pouvons que nous en satisfaire.
Après avoir purgé sa peine pendant plus de 20 ans, et alors que cette semi-liberté aurait dû lui être accordée bien plus tôt comme le droit le prévoit ; nous regrettons qu’il ait fallu la mort d’un patriote, des semaines de mobilisations massives, et l’entame de discussions avec l’État pour que le droit s’applique enfin.
Néanmoins, nous n’oublions pas Alain Ferrandi, auditionné récemment en vue de bénéficier du même régime ; et tous les autres prisonniers toujours détenus.
Pour qu’une réconciliation et une solution politique puissent s’opérer, les portes des prisons devront s’ouvrir. Comme ce fut le cas dans tous les conflits du monde. Il ne pourra en être autrement chez nous.
Leur libération devra donc faire partie intégrante, de la solution politique globale pour ce pays que nous serons amenés à négocier avec d’autres.
Avà tocc’à noi tutti di custruiscia una soluzioni pulìtica mittendu in ballu un veru statutu istituziunali chì guarantisci a ricunniscenza di u nostru pòpulu è di i so diritti. Pà quelli chì sò cascati, chì sò stati imprigiunati, è pà l’avvena di i nostri figlioli nant’à sta tarra.
Da fà Nazioni ! » •
Core in fronte
Core in fronte « prend acte de la décision de la chambre d’application des peines de la Cour d’appel de Paris d’admettre enfin le régime de semi-liberté à Petru Alessandri, incarcéré depuis 24 ans.
Cette décision, aux antipodes des mesures de clémence ou de faveur, n’est que la stricte application d’un droit, trop longtemps bafoué par ceux-là mêmes qui en portent la garantie.
Elle en appelle d’autres, significatives, pour, d’une part, clairement indiquer l’arrêt des mécanismes répressifs, de la coercition, des poursuites, des traitements d’exception et, d’autre part, inscrire le principe d’un dialogue dans le sens d’une manifeste et définitive solution politique.
La Corse a majoritairement exprimé, à maintes reprises, sa volonté d’un processus afin de l’extirper de l’impasse où elle a été enfermée.
Le récent et troublant assassinat, dans les conditions que l’on sait d’Yvan Colonna a démontré, malgré les amnisties de 1981, 1982 et 1990, que la politique de l’État français n’a jamais mis un terme aux conditions conflictuelles qui empoisonnent les rapports entre la Corse et la France. Cette dernière privilégiant une politique autoritaire et arbitraire de tous les instants.
Il est grand temps, au nom du respect du peuple corse, de la démocratie et de l’histoire de mettre en place les conditions d’une véritable évolution politique et statutaire qui soient les prémices d’une résolution stratégique.
Core In Fronte entend inscrire son action dans cette logique. Nous attendons de l’État français qu’il engage son action dans la durée, avec esprit de réparation humaine, historique, et de volonté de règlement politique.
Core In Fronte salue tous les prisonniers politiques, leurs familles et rappelle la mémoire de toutes celles et ceux qui se sont sacrifiés pour que la Corse vive.
Tempu di soluzioni pulìtica hè
À fianc’à Petru Alessandri è i soii
À fianc’à tutti i patriotti incarciarati
Par una nova strada. » •
* Seuls communiqués publiés au moment de mettre sous presse.