Résolution du Conseil Exécutif et de l’Assemblée de Corse

Intégrer la question des prisonniers politiques au processus de discussion

Ce jeudi 27 octobre, 11 organisations de prisonniers ont envahi l’hémicycle de l’Assemblée de Corse, alors réunie en session ordinaire, pour manifester leur colère face au maintien en détention d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri, ainsi que pour dénoncer le harcèlement judiciaire dont sont victimes les militants nationalistes en général.

 

 

Arritti a rendu compte la semaine dernière de leur conférence de presse à ce sujet. Entre temps, ce 26 octobre, la Cour de Cassation a cassé le jugement rendu par la Cour d’appel de Paris empêchant la remise en liberté partielle de Pierre Alessandri. Cette bonne nouvelle a été largement saluée. Elle va dans le sens des demandes maintes fois exprimées dans l’île tant par les élus de manière unanime, nationalistes ou non, que par la société corse dans sa grande majorité. Cette décision de la Cour de Cassation oblige la Cour d’Appel à se prononcer à nouveau dans ce dossier ; en considérant que la Cour d’Appel n’avait pas motivé sa décision, la Cour de Cassation sous-tend en effet que les motifs invoqués par le Parquet de trouble à l’ordre public n’en sont pas.

Mais les délais de la justice sont longs, trop longs… et l’on voit bien que ce que cherche à faire Paris, c’est à gagner du temps.

Aussi, les 11 organisations sont venues réclamer plus de fermeté encore aux élus de la Corse qui s’apprêtent à s’asseoir à nouveau à la table des négociations avec le gouvernement ce mois de novembre.

 

Bousculades et tensions

L’envahissement de l’hémicycle par une centaine de militants s’est fait dans la bousculade et sous tension. Il a été condamné par le groupe de droite et dans l’opinion. « Il y a une situation de tension qui va croissant depuis plusieurs mois, et même depuis plusieurs années » a dit le président du Conseil Exécutif, Gilles Simeoni, « depuis décembre 2015, la question des prisonniers politiques a été posée dans toute son acuité et nous sommes allées de promesses non tenues à des décisions de justice incompréhensibles. Il y a aussi l’aspect humain avec beaucoup de souffrance » rappelle le président.

« Afin d’essayer de continuer à avancer ensemble », et après plusieurs heures de discussions, le Conseil Exécutif et l’Assemblée de Corse ont donc adopté une nouvelle résolution sur la question des prisonniers politiques, afin « d’obtenir la libération de Pierre Alessandri et d’Alain Ferrandi », mais aussi « la vérité sur les conditions de l’assassinat d’Yvan Colonna ». De même que « d’inclure la question des prisonniers politiques dans toutes ses dimensions dans le champ du dialogue ». « La balle est aujourd’hui dans le camp de Paris » a dit encore Gilles Simeoni.

 

Le ton se durcit

Le ton se durcit entre la Corse et le gouvernement et l’on peut s’interroger sur la volonté réelle de celui-ci de répondre aux attentes de la Corse. La commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat d’Yvan Colonna toujours pas mise en place, l’appel systématique du Parquet à chaque fois que Alain Ferrandi ou Pierre Alessandri obtiennent une mise en liberté conditionnelle, portant de droit depuis cinq ans, la façon réitérée de rejeter toute demande formulée au Palais Bourbon par nos députés sur les propositions pour améliorer la situation économique ou sociale (lire les articles “Nouvelle avancée pour la Corse” et “Le crédit d’impôt prorogé”), tout ceci interroge…

Arritti publie ici la résolution adoptée, à l’unanimité, ce 27 octobre par l’Assemblée de Corse et par le Conseil Exécutif à la satisfaction des organisations de prisonniers. Sera-t-elle entendue ? La balle est effectivement dans le camp du gouvernement. •