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François Bayrou, nouveau Premier ministre

Trois mois après Michel Barnier, démissionné le 5 décembre par une motion de censure, François Bayrou vient d’endosser la charge de Premier ministre pour gouverner la France. Sa nomination par Emmanuel Macron a été houleuse, et ses marges de manœuvre sont étroites.

 

 

Former un gouvernement lui sera objectivement plus difficile, car les candidats, instruits du sort de leur prédécesseurs, seront moins enclins à accepter des contrats politiques aussi exposés et aussi précaires.

Cependant un gouvernement va être proposé. Sera-t-il censuré d’emblée faute d’une majorité pour le soutenir ? C’est peu probable, et cela n’avait pas été le cas pour son prédécesseur.

Tombera-t-il dès le premier vote sur le budget comme Michel Barnier ? Ce n’est pas non plus le plus probable, car le prix de l’instabilité politique qui en résulterait serait payé aussi par ceux qui unissent leurs votes négatifs, Rassemblement national et Nouveau Front populaire, alors qu’ils sont aux antipodes de la carte politique française.

Le Rassemblement national vient de perdre une élection législative partielle dans le Nord, dans une circonscription tenue par un député sortant, et ce premier revers après des années de succès ininterrompus est un signal d’alerte. Le Nouveau Front populaire a été uni pour censurer Michel Barnier, mais, depuis, des différends ont émergé, notamment entre LFI et les socialistes, qui risqueraient de fissurer le bloc de gauche en cas de nouvelle motion de censure.

Cela donne à François Bayrou une meilleure probabilité pour arriver au vote d’un budget 2025 qui sortirait, pour une année au moins, la France de la crise politique qu’elle traverse.

 

Dans ce cas de figure encore incertain, la fenêtre 2025 resterait alors ouverte pour avancer vers la réforme constitutionnelle que la Corse attend dans la suite des accords de Beauvau.

Ayant rencontré Emmanuel Macron en marge de la visite du Pape à Aiacciu, Gilles Simeoni a eu l’assurance de sa part que ses engagements pris devant l’Assemblée de Corse en septembre 2023 restaient d’actualité.

De son côté François Bayrou a un passé qui est favorable à notre cause. Il a toujours été un élu soucieux des territoires, et il a été le ministre de l’Éducation nationale à qui l’on doit la prise en charge par une contractualisation avec l’État des enseignants des écoles immersives Eskolim en Bretagne (Diwan), au Pays Basque (Seaska), en Occitanie (Calendreta), en Catalogne (Bressola) et en Alsace (ABCM-Zweisprachigkeit), ce qui leur a permis d’accéder à un modèle économique durable depuis trente ans. Avec lui au moins, on est sûrs qu’un Jean Michel Blanquer ne terminera pas ministre ! D’autre part, à l’Assemblée nationale, les élus du groupe Modem ont apporté leur soutien aux parlementaires corses pour favoriser le processus d’autonomie, contrairement aux élus du groupe LR dont était issu Barnier.

Dans le calendrier politique à venir jusqu’à la fin de la présidence d’Emmanuel Macron en avril 2027, l’année 2025 est la seule fenêtre possible pour faire avancer le processus de Beauvau. Avec la nomination de François Bayrou, elle peut s’éclairer à nouveau. •

François Alfonsi.