Gilles Simeoni

« Des idées, un bilan et des perspectives à faire valoir »

Gilles Simeoni, leader de Femu a Corsica, était l’invité de notre confrère France Bleue RCFM. L’occasion pour le président du Conseil Exécutif de faire passer les messages importants pour la Corse à la veille du scrutin législatif, notamment concernant le processus d’autonomie de la Corse. Extraits.

 

 

Sur la montée de l’Extrême-droite aux Européennes

« J’ai regardé avec beaucoup d’attention, d’intérêt et quelquefois d’inquiétude ce qui s’est passée depuis quelques semaines et singulièrement depuis le 9 juin, en France. La France est aujourd’hui un pays en proie à une crise politique profonde avec des incertitudes lourdes sur son avenir… Mon engagement, notre engagement, est constant, il s’organise depuis des décennies autour de deux pôles essentiels et complémentaires. D’abord l’attachement à une vision de la société, non seulement la société corse, mais la société en général, un certain nombre de valeurs qui sont aux antipodes de celles que prônent par exemple le Rassemblement national, Reconquête ou leurs avatars locaux. Des valeurs d’humanisme, de solidarité. Et puis le combat pour la Corse et pour la défense des intérêts du peuple corse. Le vote en faveur de l’extrême droite en France et en Europe, il vient de loin, de très loin. Les responsables nationaux et européens portent au fil des années une lourde responsabilité. Il faut entendre ce qu’exprime ce vote, il faut le prendre en considération. Non pas à travers des aménagements avec les valeurs auxquelles il convient de rester indéfectiblement attaché, mais sans doute à travers une évolution profonde des pratiques politiques et aussi des réponses plus fortes et plus opérationnelles dans un certain nombre de domaines conçus comme essentiels pour la vie des gens, y compris d’ailleurs de façon subjective. Je prends la question de l’insécurité en France qui est certainement un des facteurs qui expliquent le ras-le-bol de certains électeurs. Cette insécurité n’existe pas aujourd’hui ou très peu par exemple dans nos villages, et ça n’empêche pas, parce que nous vivons dans une société globalisée, que les gens de Campu ou de Lozzi par exemple peuvent ressentir la même inquiétude en regardant les chaînes d’infos en continue et en s’inquiétant de l’évolution d’une société française, européenne et mondiale dont nous sommes partie prenante, même si nous avons bien sûr des problématiques qui nous sont propres. » •

 

Sur la dissolution de l’Assemblée nationale et le processus d’autonomie

« La dissolution est une décision qui relève du chef de l’État… qui, en cohérence avec les engagements qu’il avait pris, m’a proposé d’être reçu dans les heures ou les jours à venir, à l’Élysée, pour que nous parlions précisément du processus d’autonomie. J’y vois le signe que malgré le tumulte actuel, le président de la République proposera à la prochaine majorité gouvernementale, quelle qu’elle soit, de continuer le processus d’autonomie… C’est bien sûr un des enjeux, et précisément du vote des législatives, on ne vote pas pour les Européennes, on ne vote pas pour les élections Territoriales… on vote pour des élections Législatives, dont on sait deux choses.

Premièrement, si le Rassemblement national est majoritaire au soir du deuxième tour en France, on sait que ça sera la fin du processus d’autonomie, puisque le RN est le seul parti au-delà des désaccords profonds que nous avons d’un point de vue des valeurs et de la vision de la société avec les partis d’extrême droite, lui et les autres d’extrême-droite sont les seuls qui se sont prononcés contre le processus d’autonomie.

Et deuxièmement, les députés nationalistes et les candidats nationalistes, notamment Romain Colonna dans la première circonscription de Corse du Sud, seront demain les mieux placés quelle que soit la majorité pour défendre les intérêts de la Corse. Eux d’abord, en tant que nationalistes, et ils l’ont prouvé, je pense notamment au travail remarquable mené depuis deux mandatures, mais également dans le cadre du groupe LIOT, que nous avons contribué de façon décisive à construire, puisque quel que soit le résultat sorti des urnes, le groupe LIOT est un groupe de référence dont il y aura besoin pour composer une majorité. Nous serons en position je l’espère, si les Corses le décident, et c’est à eux d’en décider. Chaque Corse décidera librement en son âme et conscience ce qu’il y a de mieux pour lui et pour la Corse. Et moi je fais confiance aux Corses. » •

 

Sur sa position personnelle quant à la future majorité en France

« Ma position est très claire, et je l’ai dit. Tant d’un point de vue des valeurs fondamentales, que d’un point de vue des intérêts de la Corse, que d’un point de vue du devenir de la France et de l’Europe, je pense que l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national ou d’une coalition dans laquelle l’extrême-droite serait majoritaire, quel que soit le nom des partis et la forme, et quels que soient les soutiens, y compris ceux d’une partie des Républicains – et vous noterez que notamment certains candidats qui sont pourtant des responsables de premier plan, cachent cette étiquette pour ne pas à avoir à assumer cette part lourde d’héritage – je pense que l’arrivée au pouvoir en France de l’extrême-droite serait une véritable  catastrophe. Donc je suis bien évidemment opposé à cette arrivée.

À côté de cela, je sais qu’il y a à gauche et à droite des forces politiques et des acteurs de premier plan qui sont favorables à l’autonomie de la Corse et c’est avec celles-là et ceux-là que nous continuerons à discuter et à travailler, et, je le pense, à concrétiser l’immense espoir. Mais au-delà de cela, il y a bien évidemment toutes les questions du quotidien. Et sur ces questions du quotidien je dis aussi, la lutte contre la cherté de la vie, le problème du logement, les problèmes de sécurité même si cela relève du régalien, sur tous ces débats-là je pense que les candidats nationalistes ont des idées, un bilan et des perspectives à faire valoir. » •