Conférence de presse Femu a Corsica / Fà Pòpulu Inseme

Les forces obscures n’ont pas capitulé, Autunumìa è suluzione pulìtica più chè mai !

L’enchaînement des attaques récentes contre le processus devant conduire à l’autonomie de la Corse ne doit rien au hasard. Il fallait lui répondre de façon spectaculaire et puissante. C’est ce que Femu a Corsica a réussi à faire dès ce lundi 5 février, en rassemblant de très nombreux militants et élus pour une conférence de presse qui s’est tenue à Bastia.
« Le processus engagé le 16 mars 2022, au lendemain de l’assassinat d’Yvan Colonna et des manifestations qui ont soulevé la Corse, entre dans sa phase conclusive » : rassemblant 200 personnes, Femu a Corsica et son groupe à l’Assemblée de Corse, Fà Pòpulu Inseme, ont appelé à la responsabilisation afin de « tourner la page de 50 ans de conflit, et d’inscrire la Corse et son peuple dans une trajectoire irréversible d’émancipation et de paix ». Extraits.

 

 

Rappelant avec inquiétude le contexte de tensions, Femu a Corsica et Fà Pòpulu Inseme réaffirment « leur rejet des manœuvres de déstabilisation », et leur soutien au Président du Conseil exécutif, « mis en cause de façon scandaleuse et barbouzarde dans le cadre de l’affaire de Cavaddu » (lire notre éditorial).

Ils réaffirment « leur volonté de réussir le processus en cours, à travers un accord politique le plus large possible, construit dans le respect de la délibération du 5 juillet 2023 votée à une très large majorité par l’Assemblée de Corse ».

Ils appellent à « l’esprit de responsabilité, à Paris comme en Corse, et invitent l’ensemble des forces politiques, associatives et syndicales à se mobiliser pour désamorcer les logiques de conflit, faire prévaloir la logique de dialogue, et permettre la réussite du processus en cours entre la Corse et l’État ».

 

Concernant Cavallu, ils dénoncent l’article « aussi mensonger que scandaleux » paru dans le Canard Enchaîné, rappelant « que cette préemption a conduit à rendre la Collectivité de Corse propriétaire de la parcelle, pour le prix estimé par le service des Domaines, au lieu et place d’un promoteur immobilier. Et que cette préemption a donc eu pour principale conséquence d’interdire une opération de spéculation immobilière visant à la construction d’un complexe hôtelier composé de 12 villas de luxe, pour y substituer une opération d’aménagement et de protection du site, ainsi rendu inconstructible, par la puissance publique ».

« Écrire ou laisser penser que la préemption serait intervenue au profit « du grand banditisme » est donc un mensonge éhonté, une crapulerie, et une opération barbouzarde ».

Les militants rappellent que cette préemption « sur l’île de Cavaddu, bastion historique du non-droit, de la spéculation et de la dépossession, procède d’une délibération de l’Assemblée de Corse en date du 25 octobre 2018. Cette décision démocratique des institutions de la Corse traduit la volonté politique inébranlable de la puissance publique corse de prendre pied sur cette île qui concentra durant des décennies tous les phénomènes que nous combattons : les forces de l’argent, de la prédation et de la criminalité, les mécanismes de l’exclusion, les sociétés écrans en Suisse et aux îles Caïmans, les transactions occultes, les atteintes au droit et à l’environnement, le tout avec le silence complice des autorités étatiques ».

 

La venue du ministre de l’Intérieur, prévue les 7 et 8 février, devait être une étape importante « rapprochant de l’issue positive du processus, dans le cadre du calendrier convenu entre la Corse et Paris, et devant conduire à un vote de l’Assemblée nationale et du Sénat sur la révision constitutionnelle concernant la Corse avant le mois de mai 2024 ».

Le report de ce voyage pour des raisons de « contexte » et selon les termes du communiqué du ministère de l’Intérieur « aussi motivé par le travail incomplet des élus de Corse sur la copie commune qu’ils doivent présenter » amènent le commentaire suivant de Femu a Corsica et Fà Pòpulu Inseme :

« La seule voie valable pour la Corse est celle de la démocratie, le retour à la violence clandestine ne peut pas constituer une réponse aux graves problèmes que connaît la Corse : le seul chemin valable est celui d’une solution politique, tenant compte de la volonté majoritaire des Corses telle qu’exprimée très massivement en 2015, 2017, et 2021.

Pour autant, l’interpellation, dans des conditions inacceptables (porte arrachée à l’explosif, domiciles et jouets d’enfants délibérément détruits), de deux militants nationalistes, suivie de leur mise en examen par les services de « l’antiterrorisme » à Paris, sont de nature à nourrir des cycles qui ne peuvent que nous conduire à l’impasse.

Ces mécanismes répressifs, inacceptables dans leur principe comme dans leur forme, sont totalement anachroniques au moment où les Corses aspirent à une solution politique globale, à l’autonomie et à la paix.

(…) La question des prisonniers, anciens prisonniers et recherchés, a toujours été intégrée dans tous les processus de paix à travers le monde, y compris dans les périodes de négociations politiques au cours l’histoire contemporaine de la Corse.

De même, concernant l’action symbolique menée par un mouvement indépendantiste contre la résidence secondaire du ministre de la Justice, force est de constater qu’elle n’aurait jamais eu lieu si le Gouvernement avait commencé à traiter la question du Fijait, et des amendes et dommages-intérêts pesant sur les anciens prisonniers politiques et participants aux manifestations liées à l’assassinat d’Yvan Colonna, comme il s’y est engagé dans le cadre du processus.

(…) Nous répétons que le processus en cours doit intégrer et permettre de régler cette problématique dans toutes ses dimensions (retour à la liberté, condamnations pécuniaires, FIJAIT, logique d’apaisement en direction des jeunes ayant participé aux manifestations du printemps dernier), conformément à la délibération de l’Assemblée de Corse, adoptée à l’unanimité, le 27 octobre 2022. »

 

Sur le contenu de l’accord politique à trouver et à faire valider dans le cadre de la révision constitutionnelle

« L’accord à trouver doit se discuter dans la transparence, en impliquant l’ensemble des élus et des forces vives de l’île. Il doit respecter la logique démocratique et institutionnelle :

  1. a) Tenir compte de façon centrale du suffrage universel : les Corses, en 2021, ont voté à 70 % pour les listes nationalistes, et ont désigné une majorité territoriale et un Président du Conseil exécutif de Corse ;
  2. b) Tenir compte de façon centrale de la logique des institutions de la Corse : l’Assemblée de Corse, garante, avec le Conseil exécutif de Corse, des intérêts matériels et moraux des Corses, a voté le 5 juillet 2023 la délibération « Autonomìa », à une très large majorité (73 %).

L’accord politique recherché avec les forces politiques n’ayant pas voté la délibération adoptée le 5 juillet 2023 par l’Assemblée de Corse doit donc respecter et prendre en compte ses éléments essentiels :

– la constitutionnalisation de l’existence de notre peuple, à travers sa langue, sa culture, son histoire, et son lien multiséculaire, viscéral et inaltérable à sa terre ;

– un statut d’autonomie, laissant à l’État les compétences régaliennes, et transférant progressivement à la Collectivité autonome de Corse toutes les autres compétences ;

– un pouvoir législatif, condition sine qua non de l’autonomie ;

– la priorisation de la question foncière, à travers la synergie entre toutes les mesures, en incluant un statut de résident concernant l’accession à la propriété ;

– un statut de langue officielle pour la langue corse, pilier de notre identité collective, facteur de cohésion sociale, d’intégration et d’ouverture sur le monde latin et méditerranéen, à travers l’élaboration d’un statut de la langue sur le territoire insulaire, qui permette de lui redonner toute sa place dans le système éducatif et dans la société corse de demain ;

– une autonomie fiscale, dans le cadre d’un nouveau pacte budgétaire, fiscal, et financier à conclure avec l’État, et associant les communes, intercommunalités, et territoires de Corse ;

– une organisation institutionnelle infra-territoriale décidée par la Collectivité autonome de Corse, en accord avec les communes et intercommunalités, et permettant une démocratie équilibrée et respirante, construite autour de la logique d’équité entre les territoires et les citoyens.

(…) Plus que jamais, nous croyons que sur ces bases, un accord politique large peut être conclu dans les toutes prochaines semaines. « Large » ne signifie pas « unanime » car en démocratie, l’impératif de l’unanimité n’est pas opposable ».

 

Et Femu a Corsica et Fà Pòpulu Inseme de conclure : « Les forces obscures n’ont pas capitulé, les manœuvres de déstabilisation ne font que commencer (…) Dans cette séquence à portée historique, face à la gravité de la situation et des enjeux, nous disons avec solennité que chacun doit à présent assumer ses responsabilités et saisir cette opportunité historique. 

Di pettu à issa sfida tamanta, chjamemu oghji l’insemi di i forzi pulìtichi è di i forzi vivi, in Corsica, in Francia è ancu aldilà, à u spiritu di rispunsabilità è à u sensu di l’intaressu ghjenerali è di u bè cumunu.

Pà a storia, pà l’avvena, pà a Corsica, u so Populu è a so ghjuventù, Autunumia è Soluzioni pulìtica ! »