Collectivité unique

Une nouvelle page à écrire

La séance inaugurale de la nouvelle Collectivité de Corse s’est tenue ce 2 janvier 2018. Avec elle, se fermait la page de la Collectivité Territoriale et de près de 40 ans d’histoire institutionnelle de notre île.

 

L’ambiance était à la joie, mais aussi à la concentration, au moment historique de l’installation de la nouvelle assemblée, au point que même le doyen d’âge chargé de présider cette séance, Pierre Jean Luciani, ancien président du Conseil Départemental 2A oubliait ses sarcasmes habituels pour prononcer un bref discours, presque timoré.

 

Les services de l’Assemblée ont dû redoubler d’ingéniosité pour parvenir à satisfaire le nombreux public qui voulait assister à l’événement. Outre les tribunes de l’hémicycle, plusieurs salles de la Collectivité de Corse étaient aménagées avec un écran géant, pour que chacun puisse vivre au plus près l’événement. Dehors, dans les jardins du «Grand Hôtel », plus d’une centaine de personnes encore suivaient sur écran ce qui se passait à l’intérieur. Mais nous étions bien loin de la foule innombrable de 2015, retransmission en direct aidant sur Via Stella, et peut-être une certaine «normalisation» dans le coeur de chacun: les nationalistes sont bel et bien installés aux responsabilités désormais, et, de moments historiques en moments historiques, la répétition de ceux-ci a canalisé l’euphorie.

Mais l’instant restait fort et solennel : la CTC et les Conseils Départementaux ont vécu. S’ouvre la page de la Collectivité unique !

«On ne peut prendre l’exacte mesure de ce que nous vivons aujourd’hui, en ce mardi 2 janvier 2018, sans se retourner un instant sur une double temporalité, a dit le président de la première Collectivité unique de Corse, Gilles Simeoni, celle du temps long, qui explique à quelle matrice historique puise l’enracinement et la victoire de notre démarche. Et celle d’un temps plus court, caractérisé par une séquence politique et électorale qui a conduit à un basculement rapide et d’une ampleur imprévisible en faveur de la dynamique et des idées portées par le mouvement nationaliste. »

 

« Le temps long, car notre combat vient de loin» a ajouté Gilles Simeoni, saluant la somme des sacrifices qui a mené jusqu’à cette journée. Une accélération ces dernières années, dont il a rappelé les «dates clés » : Mars 2014: victoire électorale de Bastia. Juin 2014: annonce par le FLNC de la fin de la clandestinité. Décembre 2015, victoire de la liste d’union Pè a Corsica avec 36% des suffrages exprimés. Juin 2017 : élection, pour la première fois, de trois députés nationalistes. Décembre 2017: victoire de Pè a Corsica avec 56% des suffrages exprimés !

 

«Au-delà de l’adhésion d’un grand nombre de Corses aux idées nationalistes, ce basculement politique exprime une aspiration plus large, transcendant les appartenances politiques traditionnelles : la construction d’une société insulaire démocratique, émancipée aux plans politique, économique, social, et culturel.

Les Corses ont majoritairement choisi de faire confiance aux nationalistes pour être la force motrice de ce changement. Il existe aujourd’hui dans notre peuple, dans l’île comme dans la diaspora, un enthousiasme, un espoir, une volonté qui vont nous permettre de réussir » a réaffirmé Gilles Simeoni.

Sur le dialogue avec l’Etat, à deux jours de l’arrivée de la «Madame Corse », Jacqueline Gourault, le président a lancé un nouvel appel : « La question corse n’est pas seulement économique et sociale, même si le développement économique et la justice sociale sont des priorités. Elle n’est pas non plus uniquement institutionnelle, même si les institutions sont les fers de lance de l’action publique. Elle est une question fondamentalement politique, qui touche à l’existence d’un peuple, et à la reconnaissance juridique, politique, et symbolique de cette donnée centrale. »

«Nous souhaitons, au plan institutionnel, co-construire avec l’ensemble des forces vives insulaires et l’État un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice, incluant l’exercice d’un pouvoir législatif. Cela impliquera sans doute de modifier la Constitution, mais ne l’a-telle pas été à dix reprises depuis 2000?

Et une nouvelle révision n’est-elle pas envisagée dans les mois à venir ? » a ajouté Gilles Simeoni dans son discours inaugural, s’adressant directement au chef de l’État : « Emmanuel Macron s’est fixé comme objectifs de mettre en oeuvre un pacte girondin, de modifier profondément les paradigmes de l’action publique, de modifier le visage et les structures de la France et de l’Europe.

Il peut être aujourd’hui, s’il en a la volonté, l’homme d’État, qui ouvrira la voie à une solution politique négociée permettant de tourner définitivement la page du conflit, et de construire entre la Corse et la République française une relation nouvelle et apaisée. Nous y sommes pour notre part disposés. »

Outre ce moment fort, sans surprise, Jean Guy Talamoni se réinstallait à la présidence de l’Assemblée de Corse, forte de 63 élus, dont 41 pour la seule majorité nationaliste, et Gilles Simeoni à la présidence du Conseil Exécutif, à la tête cette fois de 10 autres conseillers exécutifs, contre 8 précédemment.

La commission permanente de l’Assemblée une fois désignée, les différents protocoles accomplis, le serment du Ghjuramentu prononcé sur le magnifique texte de la Constitution de Pasquale Paoli, enfin, la joie pouvait éclater dans l’hémicycle, Diu vi Salvi Regina et Sunate lu Cornu étaient entonnés, des cris, des applaudissements, des bandere…, les personnes restées dans les salles attenantes pouvaient rejoindre leurs élus, le peuple s’appropriant ce haut lieu de la démocratie corse. Une bien belle image forte en symbole pour entamer le démarrage de cette nouvelle Collectivité de Corse !

1 Trackback / Pingback

  1. Stampa Corsa, informations corses – Une nouvelle page à écrire

Les commentaires sont fermés.