Qualitair

La Corse, île aussi concernée

La qualité de l’air est un enjeu mondial. Nos sociétés sont confrontées aux pollutions atmosphériques et à la croissance des gaz à effet de serre qui entraînent des bouleversements climatiques et des conséquences sur la santé humaine. Chaque région dispose d’une association agréée de Surveillance de la Qualité de l’Air et doit se doter d’un Schéma Régional du Climat de l’Air et de l’Énergie. La Corse a adopté le sien en 2013. • Depuis quelques mois, François Alfonsi a succédé à Gilles Notton à la présidence de Qualitair Corse. La semaine dernière l’association et ses partenaires inauguraient une station de surveillance, place Abbatucci à Aiacciu. Un outil également pédagogique pour sensibiliser la population sur les enjeux de la qualité de l’air. Interview.

 

Quelles ont été vos premières décisions ?

Ma prise de fonction à la présidence de l’Association de Surveillance de la Qualité de l’Air Qualitair-Corse est récente. Aux missions essentielles de surveillance et d’alerte qui lui sont confiées par la loi, ce qui signifie un degré d’exigence technique très élevé pour ce qui concerne les appareils de mesure et les personnels qui les exploitent, Qualitair Corse ajoute une dimension de prévention et de sensibilisation pour lutter contre les sources de la pollution atmosphérique. Nous avons l’intention de renforcer ces actions. Cela commence avec l’information du public, particuliers et entreprises, qui, par leurs propres habitudes – recours excessif à la voiture, écobuage à l’air libre, brûlage de déchets, gaspillage d’énergie, etc. — contribuent directement et indirectement à la pollution de l’air. Présentez-nous Qualitair… Nos missions sont multiples : – surveiller, grâce à un réseau de mesures fixe qui permet d’avoir des données en continu. Qualitair Corse dispose également de préleveurs pour certains polluants plus spécifiques ainsi que des stations mobiles. – Exploiter, notamment les données obtenues par tous les moyens de mesure. Cela permet la réalisation de cartes de la pollution de l’air mais également de faire des prévisions afin d’anticiper les pics éventuels. – Conseiller. Qualitair Corse est sollicité pour accompagner certains décideurs ou pour participer aux travaux de développement ou d’amélioration (exemple les Plans de Protection de l’Atmosphère)… – Informer tous les jours l’ensemble de la population. Pour ce faire nous diffu- La Corse, île aussi concernée Qualitair sons un indice de la qualité de l’air quotidiennement afin d’avoir une idée sur l’état de l’air. Nous informons également les autorités ainsi que les citoyens en cas de pics de pollution grâce aux médias locaux et d’autres outils à notre disposition.

C’était le but de l’inauguration de ce 23 septembre ?

Qualitair Corse est une structure importante. Depuis dix ans, elle a mis en place sur tout le territoire insulaire un réseau performant de stations de mesures qui surveillent la qualité de l’air en Corse. Ce 23 septembre, journée nationale de la qualité de l’air, nous avons inauguré une nouvelle station de mesure implantée place Abbatucci à Aiacciu, sur l’axe de circulation automobile le plus fréquenté de la ville. Elle est ainsi dédiée à la surveillance de l’air en proximité du trafic. Elle remplacera celle qui était positionnée place du Diamant car moins représentative du trafic routier comme l’a montré la cartographie de la pollution réalisée en 2013. La nouvelle implantation est pleinement conforme aux normes légales.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Chaque station abrite des instruments de mesures de dernière génération. Au total Qualitair Corse gère, c’est à dire entretient, relève les mesures et interprète les résultats de 82 appareils répartis dans 10 sites équipés. Certains sites sont au plus près des zones potentielles de pollution : au coeur des deux grandes villes, à proximité des établis- La qualité de l’air est un enjeu mondial. Nos sociétés sont confrontées aux pollutions atmosphériques et à la croissance des gaz à effet de serre qui entraînent des bouleversements climatiques et des conséquences sur la santé humaine. Chaque région dispose d’une association agréée de Surveillance de la Qualité de l’Air et doit se doter d’un Schéma Régional du Climat de l’Air et de l’Énergie. La Corse a adopté le sien en 2013. Depuis quelques mois, François Alfonsi a succédé à Gilles Notton à la présidence de Qualitair Corse. La semaine dernière l’association et ses partenaires inauguraient une station de surveillance, place Abbatucci à Aiacciu. 9 sements émetteurs comme les deux centrales thermiques du Vaziu et de Lucciana, mais il y en a aussi en zone rurale car à l’impact de la pollution générée en Corse s’ajoute celle venue de plus loin, du Sahara quand elle est portée par les vents du sud, et aussi des grands bassins industriels de Méditerranée, Italie, ou Sud de la France.

À quoi cela sert-il ?

Toutes ces données permettent à nos ingénieurs avec l’aide des services de météo France qui est un partenaire constant, de générer des cartographies précises, pour prévoir les pics de pollution et en prévenir la population selon la réglementation en vigueur. De plus, ces données entrent dans le processus de modélisation des impacts à travers des cartes qui servent de support aux plans de prévention de la qualité de l’air dont les documents d’urbanisme doivent être dorénavant dotés.

Pourquoi cela ?

L’impact sur la Qualité de l’Air est un critère important pour les décisions d’aménagement. L’exemple le plus parlant est bien sûr celui qui a amené au choix du fioul léger dans un premier temps, puis du Gaz Naturel Liquéfié, pour alimenter les futures centrales thermiques de Corse. Il le sera de plus en plus par la suite, et nous devons faire en sorte de prévoir les impacts pour l’avenir des choix qui seront faits. C’est le but des explications données sur cette station, à travers une présentation des polluants ici mesurés et des sources de pollution qui les génèrent.

Quels sont les objectifs ?

Il faut faire prendre conscience que l’amélioration de la qualité de l’air appartient à chacun d’entre nous. Nous avons choisi une présentation dynamique : chaque quart d’heure l’écran informatique visible par les passants donnera la pollution mesurée pour les deux principaux polluants suivis ici en continu : les oxydes d’azote (pollution automobile principalement) et les particules fines provenant de toutes les origines (circulation automobile et aussi zone portuaire, zones industrielles ou écobuage et combustion des cheminées). Et chacun pourra confronter la pollution mesurée à une table de référence exposée sur la cabine elle-même.

Avec en plus, l’emploi de la langue corse…

Oui, nous avons choisi de faire cette présentation en langue corse, avec sa traduction en français. Nous espérons que les écoles pourront ainsi, tout en se familiarisant avec les causes de la pollution de l’air et l’action à mener pour la limiter, en profiter pour faire un apprentissage de la langue corse trop souvent absente dans les domaines techniques. Que les écoles s’emparent de la thématique de la qualité de l’air est pour nous un objectif important. Cette action nous la prolongerons sur les autres sites de Qualitair en Corse, en lien avec les collectivités partenaires.

Quels sont les partenaires de Qualitair ?

L’Agence de l’Aménagement, de l’Urbanisme et de l’Energie en premier lieu, la Collectivité Territoriale est notre premier partenaire avec l’Etat. Les communautés d’agglomération ensuite, avec la CAPA, cette collaboration est concrétisée par la station d’Abbatucci, mais celle avec la CAB est tout aussi importante. Avec ces deux communautés de communes, et avec l’Office des Transports, nous allons nouer un partenariat pour mieux quantifier l’impact de l’espace portuaire sur la qualité de l’air dans les deux agglomérations. Car, même si les suies les plus visibles polluent à proximité du port, les particules fines, celles qui sont les plus dangereuses pour la santé publique, sont plus légères et retombent dans tout l’espace urbain.

Comment espérez-vous réduire ces pollutions ?

En travaillant avec nos partenaires. Notre rôle est d’informer sur la qualité de l’air et de sensibiliser sur les risques pour la santé et pour l’environnement en général. Le rôle des décideurs est de mettre en place des politiques en conséquence. Nous allons aussi nouer un partenariat avec les CFC pour faire connaître, auprès des gares qui assurent la desserte urbaine, l’état de la pollution en ville, témoin immédiat des embouteillages automobiles. La mesure effectuée place Abbatucci sera ainsi répercutée aux automobilistes à Mezana, ce qui les encouragera, du moins on peut l’espérer, à laisser leur voiture pour prendre le train. Ces premiers partenariats montrent notre ambition : mesurer et alerter comme nous l’avons toujours fait, et aussi agir de plus en plus pour que la Corse soit fière de sa qualité de l’Air et sa population mieux protégée dans sa santé.

 

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