Projet Costamare à Aleria/Casabianda

Nouveau scandale écologique autour d’un camp de vacances

L’association de protection de l’environnement U Levante dénonce « un projet de camp de vacances qui est la plus grave entorse à la loi Littoral depuis des décennies ». Depuis 2021, les militants avaient à l’œil un projet de camp dont le permis a été délivré par la mairie d’Aleria. Pour l’association, il s’agit ni plus ni moins d’un nouveau scandale sur le non-respect de la loi Littoral.

 

 

C’est une affaire qui faisait visiblement son chemin en sous-marin depuis plusieurs années. En tout cas, c’est ce que conclue l’association U Levante dans un article au vitriol publié le 11 novembre dernier sur leur site internet.

Dans la plaine d’Aleria, aux côtés du centre pénitentiaire de Casabianda, un projet de centre de vacances a obtenu le mois dernier un permis de la part de la mairie d’Aleria. Le plan est, cependant, visiblement prévu depuis au moins 2016.

En effet, c’est l’endroit où se situaient le système de traitement des eaux usées du centre pénitentiaire, qui comprenait également une porcherie et une ferme. Les installations du système de collecte des eaux usées ne fonctionnant plus, les eaux souillées ainsi que le lisier de la ferme se répandaient dans la nature, alors que le centre se situe autour d’une zone humide et de zones protégées. Toujours d’après U Levante, une étude a été lancée en 2016, étude qui aurait dû être suivie d’un chantier de réhabilitation en 2019.

La réalité est sans appel. Il s’agirait de détruire les ruines d’un ancien camp de vacances vétuste depuis 30 ans puis de construire un nouveau camp de vacances de 2.500 places, à partir de simples ruines pour rentrer dans un cadre légal très bancal, sur un terrain bien plus étendu qu’auparavant.

Cependant, cela ne se déroulera pas ainsi. Ce serait finalement les futures installations d’un centre de vacances qui verraient le jour, après une concertation avec l’administration pénitentiaire. Et c’est ce que confirmerait la location de deux parcelles de 12,4 hectares au groupe Victoria Corp, afin de créer un camping cinq étoiles. Deux parcelles louées par bail emphytéotique pour une durée de 99 ans, moyennant un loyer annuel de 300.000 euros.

Il ne fait aucun doute que les futures installations n’ont pas vocation à alimenter uniquement le centre pénitentiaire de Casabianda, dont la capacité se situe autour de 250 personnes, détenus et gardiens compris. Or, elles devront supporter des pics de 2.500 personnes, ce qui confirme leur destin d’installations touristiques.

 

Des avis très négatifs de la Dreal et du Conseil national de la protection de la nature

En date du 6 janvier 2020, une demande d’avis relative à un projet de réhabilitation du village de vacances de Costamare, est déposée auprès de la Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement, avec cependant un dossier qui très discret sur les intentions réelles du projet. Des non-dits et des vessies pour des lanternes, la Dreal y voit cependant la réalité de ce qui est demandé. Dans sa demande de permis d’aménager, le pétitionnaire exclut du terrain la partie de la parcelle comprise dans la bande des 100 mètres de la loi Littoral. Il ne retient donc qu’une surface de 9,39 ha, superficie de moins de 10 hectares lui permettant d’échapper à la réalisation d’une étude d’impact systématique. « Or, le projet prévoit la démolition des bâtiments actuellement présents dans la bande des 100 m. Par suite, précise la Dreal, cette bande de la parcelle ne peut pas être exclue du terrain d’assiette du projet. Par conséquent, c’est bien l’intégralité de la surface de la parcelle C158 qui doit être retenue, soit une surface de 11,07 ha », souligne U Levante dans son article.

La commune d’Aléria est donc informée du rejet de sa demande d’examen au cas par cas et de l’obligation de faire procéder à une étude d’impact à joindre à l’appui de toute demande d’autorisation de réalisation de son projet.

Des ruines ne pouvant être réhabilitées, il s’agit dès lors d’un projet masqué de construction nouvelle en zone naturelle. Qui plus est en parfaite discontinuité d’urbanisation, en zone (très) proche du rivage et de ce fait totalement prohibée par la loi Littoral comme par le Padduc.

« Contigu au marais de Ziglione, en Znieff de type 1, en zone Natura 2000, au cœur de zones protégées, parce qu’elles abritent une biodiversité endémique qui serait en grave danger avec la venue de 2.500 vacanciers en période estivale, le projet avait reçu en 2022 un avis défavorable du CNPN (Conseil national de la protection de la nature) : “Le site choisi est remarquable du point de vue tant paysager qu’écologique” » dénonce encore U Levante pour qui « ce projet cumule le non-respect des lois de l’urbanisme ».

« Sur 12,5 km, le littoral est vierge de toute installation urbaine ou exploitation des ressources naturelles. Il est un des rares sites en France (hors outre-mer) à accueillir un site de reproduction de tortues marines ». C’est donc un projet illégal rappelle encore l’association qui dénonce : « sa réalisation constituerait un recul sans précédent de l’application de la loi Littoral en Corse ».

U Levante a déféré ce permis d’aménager tacite devant le Tribunal administratif. •

Léa Ferrandi.

> Retrouvez toutes les informations de l’association U Levante sur ce projet sur leur site www.ulevante.fr