Uniti per sustene U Levante

Dans la nuit du 20 au 21 novembre, un membre de la direction collégiale d’U Levante a été la cible d’un attentat à l’explosif visant son domicile. Cet attentat aurait pu blesser vu la violence de la charge. C’est insupportable, inacceptable et l’ensemble de la majorité territoriale, emmenée par ses deux présidents, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, s’est mobilisée pour le dire ce 24 novembre à Aiacciu, lors d’une conférence de presse d’U Levante. Présents aussi, l’ensemble des mouvements nationalistes, Femu a Corsica (PNC, Inseme, Chjama), Corsica Lìbera, U Rinnovu Naziunale, Manca Naziunale,… des personnalités comme Edmond Simeoni, François Alfonsi, Norbert Laredo, André Paccou… des maires, comme le maire de Linguizetta. D’autres, nombreux, ne pouvant être présents, ont apporté leur soutien. Difficile de les citer tous. Les militants du Levante œuvrent sans compter, offrant leur temps, leurs moyens personnels, au service de la défense de l’environnement. Un engagement totalement désintéressé, pacifique, pour protéger le droit de tout un chacun à accéder et pouvoir jouir du littoral, patrimoine commun. Leur détermination, leur engagement, est le nôtre. Ùn ci tuccate ! Voici le texte de cette conférence de presse.

 

Nous souhaitons apporter les précisions suivantes : La victime n’est pas seulement une « militante écologiste », elle est membre à part entière de la direction collégiale officielle de U Levante (qui compte 12 membres). 
Notre amie dormait seule dans sa maison au moment de l’attentat.
 Si elle s’était trouvée dans la cuisine, elle aurait pu être tuée car la porte de la cuisine a été projetée à l’intérieur de la pièce.
 Juste avant l’explosion, un voisin a vu arriver, tous feux éteints, une voiture et une moto, et il en a témoigné devant les gendarmes. Il s’agit donc d’un attentat organisé, réfléchi, commis par plusieurs personnes, une œuvre de «professionnels ».
 À travers la personne de cette dirigeante, c’est clairement l’association U Levante qui a été visée.
À l’évidence, l’action d’U Levante dérange des intérêts puissants, que l’on peut qualifier de « mafieux », notamment dans le Sud et l’Extrême Sud de la Corse. Si, par la force des choses, nous ne pouvons pas identifier précisément le dossier qui est à l’origine de cet attentat, nous pouvons supposer que c’est bien dans un dossier de cette microrégion que les enquêteurs doivent rechercher les commanditaires.
 U Levante a porté plainte contre X pour cet acte ignoble et va demander aux procureurs d’Aiacciu et de Bastia, qui ont en mains plusieurs plaintes de l’association, un rendez-vous sur le thème de la sécurité des militants.

Pourquoi donc cet « avertissement » ? Dans bien des cas, U Levante est le dernier rempart face aux spéculateurs, à ceux qui construisent illégalement sur des sites remarquable ou dans des zones pourtant reconnues comme inconstructibles par les juridictions administratives, et ce, avec la « bénédiction » des maires qui accordent les permis de construire, et celle de préfets qui préfèrent détourner le regard plutôt que d’exercer le contrôle de légalité qui leur incombe. On ne compte plus les PLU illégaux, les constructions illégales sur des espaces remarquables, sur des zones agricoles ou dans la bande des 100 mètres de secteurs non urbanisés (107,8 % d’augmentation du nombre de logements autorisés en Corse au cours des 12 derniers mois, alors que c’est 25% en Bretagne…).

Est-il subversif en Corse d’attendre des maires et des préfets qu’ils fassent appliquer la loi et les décisions de justice? 
Si l’association U Levante est aujourd’hui ciblée, si l’intégrité physique de ses militants est menacée, c’est parce que notre association supplée la carence des maires et des autorités de l’État dans l’application de la loi, qu’elle combat les passe-droits, et lutte, à leur place, contre les projets immobiliers illégaux sur notre littoral.

Les maires : quand on dénonce la « dérive mafieuse » qui gangrène la Corse, on pense aussitôt à la corruption ou à la « faiblesse » de certains maires – pas tous – qui n’hésitent pas à accorder des permis de construire en violation de la loi ou de décisions de justice définitives, voire – de façon plus sournoise –qui n’instruisent pas les demandes de permis dont ils sont saisis, de façon à ce que les pétitionnaires bénéficient, par le simple effet de l’écoulement du délai légal de deux mois, d’un permis de construire tacite. Ils contribuent ainsi, avec une grande efficacité, à détruire l’État de droit et le bien commun de tous les Corses: notre terre. Leur excuse : « les pressions » de leurs électeurs ou des mafieux. Mais qui les a obligés à se présenter ? Ces excuses sont inacceptables. Le problème de la dérive mafieuse qui se nourrit de la spéculation immobilière n’a pas pour seule cause la corruption ou la lâcheté de certains élus.

Les préfets : force est de constater que si les préfets, qui se succèdent en Corse, avaient donné l’exemple d’une application stricte de la loi et des décisions de justice, une telle dérive serait impossible ! Dans ce cas en effet, nos élus au cœur fragile pourraient, sans difficulté, convaincre les bétonneurs qu’il ne sert à rien de solliciter des permis illégaux, puisque ceux- ci seraient nécessairement censurés. Hélas, l’État se montre, en ce domaine, rarement à la hauteur de ses responsabilités.
 Quel exemple pour les citoyens que d’entendre un préfet déclarer froidement «je ne suis pas tenu par les décisions de justice » ? Quel exemple pour les citoyens que d’entendre un préfet déclarer « je n’ai pas la même concep- tion de la loi Littoral que le Tribunal administratif » ? Quel exemple pour les citoyens que cette multitude de permis de construire non contestés par le préfet bien qu’attribués dans des zones jugées inconstructibles par les tribunaux ? Le fait qu’U Levante et d’autres associations comme ABCDE, le Poulpe, le GARDE,… soient à l’origine de l’annulation de la quasi-totalité des PLU déférés en justice n’est-il pas la manifestation tangible d’une situation anormale et dangereuse ? Qui en Corse est responsable du contrôle de la légalité ? Qui viole sa mission ? C’est le Préfet.
 Cet abandon de la défense de la loi dans trop de cas, depuis trop longtemps, ne peut être le produit du laxisme de tel ou tel Préfet. Elle traduit une volonté politique délibérée de laisser construire le plus possible en Corse.
 Notre terre est de plus en plus gavée, saturée de résidences secondaires, « développement économique oblige », puisque « quand le bâtiment va…». Peu importe si l’argent sale finance ces projets immobiliers ! Et malheur à ceux qui tenteront de s’y opposer! Ainsi se détruit notre société, ainsi se bétonne la Corse, ainsi perdons-nous notre patrimoine commun, notre terre, ainsi prospère la Mafia. La gravité de la situation actuelle nous conduit à interpeller solennellement les maires et les préfets. Nous les exhortons à un changement radical, révolutionnaire, quasiment subversif : qu’ils fassent appliquer la loi !

Hier des menaces, aujourd’hui un attentat, et demain…?
 U Levante se bat depuis de nombreuses années contre une bétonisation sans limite. Une bétonisation qui rapporte des millions à leurs auteurs, au détriment d’un peuple et d’une terre. Une bétonisation où les voyous sont maîtres, une bétonisation où règne la Mafia. À travers ce système, une société tout entière se retrouve gangrenée.
 Notre militante a été visée parce qu’elle n’est pas silencieuse, parce qu’elle n’accepte pas de baisser la tête face à ces menaces, parce qu’elle combat depuis de nombreuses années ce système qui conduit notre société vers la ruine. U Levante devient une cible car, dernier rempart contre la spéculation et la toute-bétonisation, l’association se retrouve face à des systèmes mafieux et des hommes en armes qui n’hésitent plus à franchir certains pas pour écarter quiconque se trouve en travers de leur chemin. Les enjeux financiers sont trop énormes. Le contrôle de toute une île est aujourd’hui à portée de leur main ; certains élus locaux corrompus se soumettent, d’autres détournent la tête, l’État ferme les yeux : tous se rendent complices. C’est un avenir sombre qui nous attend si une prise de conscience forte n’a pas lieu. La vague de violence que traverse la Corse depuis un certain nombre d’années est le fait de cette Mafia qui s’enracine et prend force en Corse, au point aujourd’hui d’élargir le cercle des personnes touchées. Et ce cercle s’élargira chaque jour quand il ne lui sera pas fait barrage. Il s’élargira et personne ne sera à l’abri.

Quel avenir voulons-nous? Est-ce un avenir qui verra cette terre vendue parcelle par parcelle jusqu’à ce que le peuple corse ne puisse plus pouvoir y vivre? Est-ce un avenir où les générations futures grandiront avec des barrières et des gardiens leur interdisant l’accès à leur terre? Est-ce un avenir où les voyous et leurs complices régneront en maîtres ? L’association U Levante tient tête comme elle a toujours tenu tête, et se battra comme elle s’est toujours battue. Mais elle reste une association et, seule, elle ne parviendra pas à enrayer cette folie spéculative qui rime bien souvent avec folie meurtrière. Il convient à chacun de prendre dès aujourd’hui position, dans les discours mais aussi et surtout dans les actes. Ce sursaut collectif est une nécessité absolue et urgente: au cours des prochains mois, de nombreuses communes du littoral vont se doter d’un nouveau PLU. Certains des projets que nous avons déjà pu consulter témoignent d’une folie spéculative qui ne faiblit pas : la loi Littoral, le Padduc y sont bafoués, des pans entiers du littoral, y compris des espaces remarquables, des espaces stratégiques agricoles et des zones protégées, y sont voués à une urbanisation anarchique et incontrôlée… Svegliàtevi o ghjente, a nassa mafiosa si stringhje ogni ghjornu un pocu di più, dumane sarà troppu tardi.

Oghje lampemu una Chjama À tutti i Corsi sinceri in brama di ghjustizia, di fra- tellanza è di sulidarità, à tutti l’omi di prugressu (studienti, associi culturale, pulitichi…) : hè ora di a mossa è di a resistenza à i marcanti di morte. Forte saremu si uniti semu. Aujourd’hui nous lançons un appel à tous les Corses désirant ardemment la justice, la fraternité, la solidarité, à toutes les femmes et les hommes de progrès (étudiants, culturels, politiques…) : il est temps de se rassembler et de résister aux marchands de mort. L’union a toujours fait la force. Il est inutile de dire qu’aucun des dirigeants et militants d’U Levante ne se laissera impressionner par la lâcheté criminelle de certains. Loin de nous intimider, ces actes renforcent notre détermination. Ils incitent même de nombreux citoyens corses, d’origine ou d’adoption, à rejoindre nos rangs pour mener le combat pour la préservation de notre terre. Nous continuerons tous à dénoncer ceux qui persistent à construire en toute illégalité avec pour seul objectif l’enrichissement personnel.

U Levante en appelle : – à toutes les organisations afin qu’elles condamnent toute action menée contre ceux qui, en Corse, défendent la terre et dénoncent un système qu’on appelle la Mafia. – au Conseil exécutif et aux conseillers de l’Assemblée de Corse ainsi qu’aux préfets afin que, devant la Justice, ce soient eux qui défèrent les permis de construire et les documents d’urbanisme (PLU et cartes communales) illégaux. – aux maires afin que tous appliquent enfin le code de l’urbanisme et aient le courage de refuser les demandes de permis de construire illégales. – à la société toute entière.
 Puisque vous pouvez agir :
- une photographie d’une illégalité parle, une dizaine témoigne,
- une visite en mairie se remarque, une centaine submerge,
- un mail en préfecture s’efface, un millier ne s’ignore pas,
- une association seule qui pose des questions peut être attaquée, une population entière est inattaquable. Agissez !