Azerbaïdjan et indépendantisme corse ?

Non à la dictature de Bakou !

On pourrait croire à un 1er avril avant l’heure, à la lecture du Corse-Matin du 23 février rendant compte de la conférence de presse du nouveau mouvement Nazione, sous le titre « L’Azerbaïdjan met son nez dans les affaires politiques corses ».

On y apprend que deux médias s’intéressent au mouvement indépendantiste corse et rendent compte de notre actualité en s’offusquant du traitement de la question par le gouvernement français. « Ils dépeignent une Corse au bord de l’indépendance » explique notre confrère Antoine Giannini qui informe même que « le parlement azerbaïdjanais a réclamé “la reconnaissance pure et simple de l’indépendance de la Kanaky (la Nouvelle-Calégonie), de Mahoi Nui (la Polynésie française) et de Corsica (la Corse)” »… Chjìbba !

On aurait presque pu s’en réjouir si l’on ne savait ce qu’est réellement le régime de Bakou. Ancienne République soviétique aux frontières de la Russie, la Turquie, l’Iran, la Géorgie et l’Arménie, le régime, rebaptisé République d’Azerbaïdjan en 1991 après la fin de l’URSS, est dictatorial, sous le joug des Aliyev de père en fils. Au pouvoir depuis 2003 à la suite de son père, ancien chef du KGB qui s’est imposé sur un putsch, Ilham Aliyev est régulièrement réélu, chaque scrutin étant entaché de fraudes dénoncées par la communauté internationale. Les organisations de défense des droits de l’homme accusent la corruption et le népotisme qui règnent dans le pays où les oppositions sont pourchassées, la presse muselée, les droits de l’homme bafoués. Aliyev a pour mentor le non moins dictatorial président turc Recep Erdogan et est un proche de Vladimir Poutine. L’Azerbaïdjan a des ressources naturelles en gaz et en pétrole, ce qui lui permet d’être ménagé par l’Occident et les dirigeants européens. Le régime est impliqué dans les scandales financiers des Panama Papers (2016) et des Pandora Papers (2021)*.

Difficile de croire en son respect des droits des peuples à l’indépendance. L’Azerbaïdjan ne respecte pas la République de l’Artzakh (appelée aussi Haut-Karabagh) peuplée d’Arméniens depuis des millénaires et autoproclamée depuis 1991. Enclave au Sud-ouest du pays, à la frontière avec l’Arménie, ce territoire est disputé depuis des décennies. En 2020, une nouvelle offensive militaire est lancée par l’Azerbaïdjan, vidant en l’espace de quelques semaines la petite république démocratique de l’Artzakh de tous ses habitants (quelques 120.000 personnes). Le patrimoine culturel et religieux arménien est détruit, la république est dissoute. L’Azerbaïdjan ne s’arrête pas à l’Artzakh et menace aujourd’hui l’Arménie, profitant de la guerre en Ukraine pour développer son expansionnisme à l’ouest et menacer les Arméniens d’un nouveau génocide.

Aussi, les propos du régime d’Aliyev concernant la Corse sont purement démagogiques et c’est un crime de s’en trouver flattés. Si la Corse avait été une enclave en Azerbaïdjan, le sort de son peuple aurait été celé aussi vite que la petite République arménienne qui mérite toute notre solidarité. •

Fabiana Giovannini.

 

* Révélation sur des avoirs secrets de chefs d’États, de milliardaires et de criminels dissimulés dans des paradis fiscaux d’une part, fraude fiscale d’œuvres d’art couverte par des sociétés écrans d’autre part.