Peuple Corse, en soins paliatifs ?

Ce dimanche 28 octobre, le bouche-à-oreille dit que l’AG constitutive décidée en octobre 2017 pour un parti unifié se tiendrait le 25 novembre. Une réunion de la « coordination » avait été prévue alors pour préparer l’organisation matérielle de cette AG dans les six mois. La dite coordination est devenue un lieu d’échanges politiques suite aux désidérata du PNC remettant en question le parti unifié pour un parti fédéraliste ou à tendances et, dernière proposition en date, un parti à deux (Femu a Corsica serait composé de deux jumeaux à égalité de droits et de postes avec chacun son secrétaire général).

 

Gilles Simeoni a présidé une réunion à Corti le 15 octobre pour expliquer que le retard pris pour l’AG tenait à la réticence du PNC en quête de garantie voulant s’unir mais en gardant sa «sensibilité», qu’avec les délégués d’Inseme ils avaient fait preuve de patience afin qu’il soit clair qu’ils avaient tout fait pour qu’on ne puisse pas leur faire porter la responsabilité d’un éventuel échec et que, finalement, ils proposaient pour en sortir que l’AG ait à choisir entre quatre options (parti unifié, parti fédéraliste, parti à tendances, parti à deux).

Une réunion de la coordination a été annoncée pour mardi, donc avant la sortie de cet ARRITTI. On devrait savoir si la date du 25 novembre est confirmée et si le PNC consent à ce que l’AG, c’est à dire les militants, choisisse une des quatre options. Dès lors, ceci acquis, la coordination reviendrait à sa mission première d’organiser matériellement l’AG du 25 novembre (liste des votants, ordre du jour, présidence des débats…). D’autre part, Gilles Simeoni veut faire un tour des régions pour bien expliquer le processus avant l’AG.

Mais quelle sera sa disponibilité à partir d’un calendrier déjà démentiel?

Or les statuts de Femu a Corsica, qui ont été votés à l’unanimité avec une Charte Éthique en octobre 2017, rejetaient la possibilité d’un parti à tendances qui avait été évoqué –sans plus– par quelque militant du PNC lors des ateliers de travail pour les statuts. Certes les élections en décembre pour la CdC, devenue Assemblée Unique, commandaient d’offrir publiquement une entente solide avant les élections, deux mois après. Les électeurs l’ont cru, les militants basiques aussi. L’AG du 25 novembre de 2018 ne dispose que d’une courte période de préparation.

Elle n’aura pas la même dynamique qui a mobilisé celle d’octobre 2017. Attente trop longue dans l’incertitude, sans débat militant transparent, réduit à quelques cadres militants d’opposition devenus des élus majoritaires dans une coalition électorale, laissant leurs partis errer sans têtes, se déconnectant pour une grande part du terrain pour vivre dans le vase clos d’Institutions limitatives en regard du projet historique du sauvetage du Peuple Corse.

 

Bref, ils ont une légitimité démocratique mais pour des pouvoirs insuffisants. Ils sont conduits en se trouvant mille bonnes raisons à en rester là, et à ne pas initier ce parti unifié par peur de le voir établir des règles sur des bases plus larges. Trop d’élus de la coalition natio sont bêtement poussés à continuer l’équilibre de la coalition ou à maîtriser le parti unifié. Autrement dit, ils ne se font pas confiance et, pire, ils n’ont pas compris que l’avenir de la cause du Peuple Corse repose sur un premier préalable incontournable, celui d’inspirer la confiance entre les adhérents d’un parti qui donne des garanties démocratiques à chacun de ses membres, un parti démocratique exemplaire aussi pour toute la société corse. Finalement le salut ne peut venir que d’une volonté commune, d’une intelligence collective, mobilisées par l’amour de cette terre et qui trouvent les voies et les moyens d’un sauvetage historique c’est à dire qui puisse mettre fin à la subversion des jacobins.

La situation de déclin accéléré de notre Peuple ne peut pas se satisfaire des jeux du sérail électoraliste.

 

Il est impératif de réussir ce rendez-vous de novembre. Le lendemain de la coordination de mardi, le moteur militant doit démarrer sur les chapeaux de roues pour édifier le parti autonomiste unifié. On n’a plus de temps à perdre. On commencera par appliquer les statuts votés en 2017. Le premier pas sera que les régions prennent corps. Quand elles seront suffisamment opérationnelles, selon moi, il conviendrait de faire une AG extraordinaire pour améliorer les statuts. Ils ont été définis comme ceux d’un parti de «gouvernement» suivant le modèle démocratique anglosaxon où le Chef du parti qui gagne le pouvoir devient Chef du gouvernement (du pouvoir exécutif), mais s’il ne dirige plus le parti il garde un droit de regard.

Cela se conçoit dans un pays où la démocratie fonctionne, où l’Exécutif est le fait d’une Majorité parlementaire. Rien de commun avec notre Assemblée Unique qui résulte d’une coalition électorale à plusieurs composantes qui ont partagé les poste de l’Exécutif, Assemblée et Exécutif qui n’ont aucun pouvoir de gouvernement, ni législatifs, ni fiscaux, de «simples élus locaux qui ne font pas la loi» comme l’a déclaré spontanément le Président Élyséen.

Il est évident que les natios devenus majoritaires localement, sans pouvoir de gouvernement doivent construire une force politique insulaire d’opposition au pouvoir central jacobin pour l’amener à céder et obtenir la reconnaissance du Peuple Corse et l’autonomie.

Ce pouvoir central s’employant à laminer la majorité et à la rendre obsolète. L’article 72-5, s’il est voté, et toute son administration sont à l’oeuvre. La Préfète est bien sur le terrain mais les natios n’y sont plus. Plus ils sont dans le cercle des élus «locaux» et plus ils sont localisés, moins ils sont crédibles.

Plus l’État peut amener les Corses dans le besoin et les opportunistes à manger dans sa main.

 

Les autonomistes, une fois unifiés, doivent être la force démocratique qui tient tête à l’emprise des jacobins, qui donne des garanties à toutes les forces émancipatrices.

Toute avancée démocratique est un bol d’oxygène.

Démocratie et survie du Peuple Corse sont le même combat.

Nous devons dépasser cette difficulté des élus d’une coalition électorale, à mettre en place un parti démocratique. La porte doit s’ouvrir le 25 novembre.

Sinon, on pourrait penser que les natios ne sont pas à la hauteur de leur mission ou pire encore que le Peuple Corse en fin de vie, ne peut espérer que les soins palliatifs de l’accompagnement final. J’ai du mal à l’admettre. Et vous?

 

Max Simeoni.

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