La petite Greta Thunberg inquiète et agace les grands de ce monde… Cette jeune suédoise de 16 ans aujourd’hui, qui a lancé l’an dernier un appel à la grève des lycéens du monde pour faire entendre la voix de la jeunesse et faire que les gouvernements prennent enfin les bonnes décisions face aux dangers du réchauffement climatique, n’imaginait pas le succès que recueillerait sa démarche. Depuis, elle a fait tâche d’huile, s’est amplifiée, a gagné nombre de pays de la planète, en Europe, aux États-Unis, en Asie… les jeunes descendent dans les rues. Chaque vendredi, ils sont de plus en plus nombreux à « sécher les cours » et à marcher pour le climat. Mieux, désormais, portés par les mêmes inquiétudes, leurs aînés les rejoignent et organisent aussi des manifestations.
Ainsi, par exemple, l’initiative « L’affaire du siècle» où quatre association, Notre Affaire à Tous, la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France ont décidé, « au nom de l’intérêt général, d’attaquer l’État français en justice pour qu’il respecte ses engagements climatiques ». Elle est calquée sur celle des Pays Bas, où la justice a ordonné au gouvernement néerlandais de revoir à la hausse ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En Colombie, sur recours d’une poignée de jeunes gens, la Cour Suprême a reconnu la nécessité d’agir contre la déforestation et pour la protection du climat. Au Pakistan, la justice a donné raison à un agriculteur qui demande une législation capable de protéger son exploitation et son droit à l’alimentation face au dérèglement climatique…
Plus de 100 000 personnes à Paris, plus de 350 000 en France, la «Marche du siècle » qui s’est organisée dans 220 villes françaises a eu un succès inédit. Lancée le 18 décembre, la pétition liée à cette initiative avait recueilli un million de signatures en à peine 36 heures ! Début janvier, elle dépassait les 2 millions de signatures. Partout dans le monde, les populations font entendre leurs voix. Et c’est là que réside l’espoir désormais. C’est par les opinions publiques que les choses peuvent changer.
Il y a urgence. Le climat est « l’affaire du siècle ».
Le 21 janvier dernier, des experts publiaient une nouvelle étude dans la revue de la National Academy of Sciences, sur la fonte des glaces du Groenland. Le processus va bien plus vite et bien plus loin que cela n’a été prédit. Du Sud-Ouest au Sud-Est et Nord- Ouest, les grands glaciers du Groenland se brisent et libèrent en fondant des quantités d’eau considérables. Entre 2002 et 2016, ces glaciers ont perdu 280 milliards de tonnes de glace par an, laissant présager une élévation supplémentaire et plus rapide du niveau de la mer. Au siècle dernier, l’île a perdu 9000 milliards de tonnes de glace provoquant à elle seule une élévation de 25 millimètres du niveau des océans.
L’Antarctique perd lui aussi six fois plus de glace qu’il y a 40 ans. Ces dix dernières années, il a perdu 252 milliards de tonnes de glace chaque année. Même chose encore pour les glaciers de l’Ouest de l’Amérique du Nord qui perdent depuis 20 ans en moyenne 12,3 milliards de tonnes de glace par an.
Tout ceci est le résultat d’un petit degré centigrade d’augmentation de la température terrestre. Et ce réchauffement s’accélère. Ce n’est pas 1°, mais 2 voire 3 supplémentaires auquel il faut s’attendre dans l’avenir. Selon les experts, chaque degré double la quantité de glace qui fond. Et si la totalité des glaces du Groenland venait à fondre, cela élèverait de 7 mètres le niveau de la mer, rayerait de la carte du monde des îles et des régions côtières entières avec leur cortège de millions de réfugiés climatiques, provoquerait des catastrophes climatiques bien plus désastreuses encore que celles que nous connaissons déjà. Dans les estimations, une telle augmentation n’était pas possible avant plusieurs siècles, sauf que plus la glace fond, plus la température augmente, plus elle fond encore… Et on maîtrise mal les effets de cet enchaînement catastrophe. Parallèlement, cette eau résultant de la fonte des glaces a un effet sur le Gulf Stream, ce courant d’eau chaude de l’équateur vers l’Atlantique nord qui donne à l’Europe de l’Ouest son climat tempéré. Les conséquences en cascade du réchauffement climatique sont donc sans précédent. Toutes les études convergent, les plus grands scientifiques mondiaux ne cessent d’alerter. Mais les grandes puissances et leurs multinationales continuent de ne rien changer à leurs habitudes…
Ce jeudi 14 mars, le Tribunal Administratif de Paris a été saisi par le recours déposé par les quatre associations et les quelques 2,1 millions de citoyens qui dénoncent l’inertie du gouvernement français face à « l’affaire du siècle ». Même si la démarche semble avant tout symbolique, elle est hautement politique et donne, enfin, l’initiative au peuple. En Corse, ces démarches sont encore timides, mais on s’est mobilisé aussi à Bastia et à Aiacciu notamment. Il est temps de s’y intéresser et de mener des politiques adéquates dans le domaine des déchets, de l’énergie, de l’environnement, de l’urbanisme. La Corse peut-être un laboratoire d’idées et d’expériences pour lutter contre le réchauffement climatique.
Arritti, très sensibilisé depuis toujours à la cause environnementale, appelle ses lecteurs à participer aux prochaines initiatives.
Fabiana Giovannini.