L’autonomisme d’opérette

JM. Mondoloni et JC. Orsucci

Nos adversaires se revendiquent désormais de l’autonomie. Mais rien dans leur projet, ni dans leur position d’allégeance à Paris, ne rend crédible cette affirmation destinée à détourner l’électorat qui souhaite des réformes profondes en Corse. Leur politique est en fait celle du statu quo.

Seule la démarche d’union nationaliste Pè a Corsica est à même d’arriver à une véritable autonomie pour la Corse.

 

Parler d’autonomie pour la Corse sans souligner que la Constitution française devra en être totalement modifiée pour se rapprocher de la conception fédérale qui est celle de l’Europe qui nous entoure est une inconséquence politique. Et chacun le sait bien, et, à ce jour, même la proposition a minima de modification de l’article 72 de la constitution, faite par la précédente Assemblée de Corse, est restée lettre morte.

Sans réforme profonde de la constitution française, les affirmations « d’autonomie dans la République » faites par Castaner ou Collomb, répétées par Mondoloni et Orsucci, seront sans effet. Ce sont des autonomistes d’opérette !

 

La France est entourée à ses frontières par des États où les autonomies sont généralisées.

C’est le cas :

– en Grande Bretagne avec un statut de très forte dévolution pour l’Écosse et, dans une moindre mesure, mais sans comparaison possible avec la situation corse, pour le Pays de Galles ;

 

– en Belgique où les compétences de la Flandre et de la Wallonie intègrent y compris leur représentation directe au niveau du Conseil Européen pour l’agriculture, l’enseignement, la culture, etc. ; et où la petite minorité germanophone jouit elle aussi d’une reconnaissance étendue de ses droits ;

 

– en Allemagne, où les länders, dans l’État fédéral allemand, jouissent de prérogatives, notamment économiques, très étendues ;

 

– en Suisse, véritable modèle d’organisation de la diversité territoriale, culturelle et linguistique,

 

– en Italie, où des « autonomies à statut spécial » sont prévues par la constitution italienne pour le Sud-Tirol, le Val d’Aoste, le Frioul, la Sardaigne et la Sicile ;

 

– en Espagne et au Portugal où les pouvoirs du Pays Basque et de la Catalogne, mais aussi des îles Canaries (Espagne), Madère et Açores (Portugal), sont très étendus et vont jusqu’à la compétence fiscale.

 

La crise catalane est issue d’un reniement de l’État espagnol : alors qu’une évolution substantielle de l’autonomie catalane avait été négociée, validée par le Parlement espagnol et approuvée par référendum en Catalogne en 2006, les forces réactionnaires madrilènes en ont décidé unilatéralement l’abrogation en 2010. L’autonomie catalane a duré 31 années (1979 à 2010) en assurant la stabilité et le développement économique. Son évolution était nécessaire et c’est le refus de cette évolution par les forces les plus réactionnaires de l’État espagnol qui sont à l’origine de la crise actuelle.

 

Le seul projet réellement autonomiste pour la Corse est celui que nous portons : pouvoirs régaliens restant la compétence de l’État (défense, politique étrangère, justice), ou, par délégation, de l’Europe (monnaie et géopolitique économique), les autres compétences revenant à la Corse avec un véritable pouvoir réglementaire et législatif. Cela passe par une modification de la Constitution française pour qu’elle soit conforme aux standards des autres pays de l’Union Européenne. Et cela permettra à la Corse d’entrer dans une ère nouvelle pour assurer son développement en Europe et en Méditerranée.

François Alfonsi.

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