I Riflessioni

L’autonomie, un préalable absolu

Reprise de la carte publiée dans le premier Autonomia de 1974 (Analyse critique des prévisions du Schéma d’Aménagement 1971-1985, p. 105). Les chiffres correspondent au nombre de lits prévus par le Schéma d’Aménagement. Les zones du littoral en noir correspondent à l’emprise foncière des groupes financiers ci-dessous. Sud : Devèze, Lefèbvre, Righetti, Guillemot, la Caisse des dépôts et consignations (Les Glénans), Orgec (La Testa Ventilegna). Balagna : Club Méditerranée, le groupe belge « La Buffa », du VVF de Lozari à Calvi, Lumiu. Agriates : Rotschild. Aiacciu : de Porticciu (Lava, San Sebastianu) à Cargèse. Côte Orientale : groupe anglais de Diana, la Marana (CGTH), Pinetu (VVF Borgo), le domaine de Pinia, Casabianda, les camps allemands, Jahlan à Campoloro, etc. Cap Corse : groupe Mattei à Rogliano...

Il y a de quoi être consterné lorsqu’il est fait rappel de l’historique de ce demi-siècle et qu’on s’entend dire : « d’accord mais maintenant il faut s’occuper de l’avenir », comme si c’était du temps perdu… si j’en suis à rabâcher, et pas tout seul, c’est parce que trop d’entre nous, les nationalistes, semblent penser que toutes les leçons sont tirées et qu’il n’y a plus que du neuf à envisager. Or précisément la leçon première n’est pas retenue, celle de la constante politique colonialiste de l’État jacobin français.

Ce qui amène la recherche de solutions dans une impasse, or le temps nous jouant contre, il faut cesser de prendre la verroterie octroyée par le colonisateur pour des perles.

Si le diagnostic du CEDIC a été posé dès 1964, on peut voir se dessiner actuellement le sombre pronostic qu’il impliquait, la fin de notre peuple, dans le demi-siècle à venir.

 

Oui, la politique de la République des jacobins sur 240 ans a changé d’aspect mais pas de nature. 95 ans, de 1818 à 1913, de loi Douanière brutale et cynique qui étrangle l’économie de l’île et bloque tout progrès, coloniale ou non ? Guerre de 1914-18, officiellement 13.000 procréateurs morts et tout autant de grands mutilés, saignée qui étouffe notre démographie, la phase suivante de l’île réservoir d’hommes vidée pour l’armée et l’encadrement de l’Empire colonial, il ne compte plus que 160.000 habitants en 1962 lors des accords d’Evian qui avec l’indépendance de l’Algérie mettent un point final à cet Empire.

Épisode des essais atomiques souterrains à l’Argentella pour remplacer la base du Hoggar dont le FLNA ne veut plus. Sans Empire et l’Europe qui s’amorce, la République doit rentabiliser la Corse. Elle l’a vidée mais l’île a des ressources importantes d’attraits touristiques. La Datar, suite à un rapport commandité en secret en 1970-71 à l’Hudson Institut, envisage un développement massif et rapide du tourisme en une dizaine d’années, ce développement est présenté comme devant faire de la richesse pour tous les Corses. Elle en fait une publicité mensongère mais l’ARC se procure le rapport et le divulgue largement. Pris en flagrant délit, l’État républicain tente de se disculper accumulant des mensonges et fait mine de l’abandonner.

En réalité il poursuit cette politique de disparition du peuple corse et de dépossession de sa Terre, au nom des principes universalistes de la République, l’égalitarisme n’est qu’uniformité pour cacher la négation légale de la moindre différence pour «un seul Peuple, une seule langue, un seul pays ».

La régionalisation-déconcentration préfectorale qu’il a mis en oeuvre à travers ses statuts particuliers (Defferre, Joxe, Jospin et le dernier en date Caseneuve) sont des aménagements de digues pour canaliser les crues revendicatives sans jamais céder sur l’essentiel, un peuple reconnu qui a des droits. Il ne s’agit pas de petits pas. En gagnant du temps, il se rapproche de son objectif en vue, une Terre sans indigènes dont il pourra disposer à son profit. Il ne reste que quelques décades pour la conclusion finale.

Plus de temps passe sans réagir valablement au niveau de ce défi historique, moins de moyens pour le sauvetage seront à portée des patriotes.

 

L’autonomie pleine et entière est une urgence. De même sans coofficialité la langue est condamnée. Le rapport de 2002- 2003 sur les langues régionales de la Commission des linguistes de l’Unesco le démontre clairement.

Le « tout tourisme » dans les Institutions actuelles représente 30% du PIB insulaire. Beaucoup en vivent mais les retombées les plus lucratives profitent aux productions extérieures. La Corse importe plus de 97 % de ce qu’elle consomme. Elle est presque entièrement dépendante.

La Continuité Territoriale instituée, et/ou la DSP, ne peuvent rien contre la cherté de la vie.

Mais l’enveloppe, les Compagnies de transport se la dispute. Bref, elle facilite les importations même si quelques exportateurs «locaux» en profitent. Ce tourisme non maîtrisé est du colonialisme : 60.000 pauvres (précaires) et autant de « préprécaires ». Un record français cependant, la construction de résidences « à valeur locative » en cinq ou six ans par le dégrèvement de 30% des charges, avec un cortège de fraudes, des comportements mafieux et aussi la performance d’une démographie qui de 160.000 habitants en 1960 passe à 320.000 habitants en trente à quarante ans… par surtout l’arrivée de nouveaux venus.

La majorité « absolue » des élus « locaux qui ne font pas la loi » n’y peut rien dans le cadre de ce 4e statut particulier. Pire, quand elle se morcelle, elle se décrédibilise, et l’objectif repris de temps à autre « d’une autonomie peine et entière » devient du langage convenu devant l’électoralisme hystérique. Or pour obtenir cette autonomie et la coofficialité, il faut convaincre d’avantage de Corses qui ont besoin d’une corde pour s’extraire des sables mouvants.

Ce ne peut être que le parti créé dans ce but. La base, les assises du sauvetage d’un Peuple qui est prêt de sa fin historique. Il faut bien s’en convaincre et pour l’instant élisons nos élus locaux.

Max Simeoni.