Première partie

Les élections sous le signe de l’incertitude

Le 28 juin verra le deuxième tour des Municipales dont les résultats vont déterminer en grande partie les élections des Territoriales dans seulement huit mois, en mars 2021. L’Assemblée Unique, énième « statut particulier » mis en place par Cazeneuve Premier Ministre de Hollande, a eu sa première élection en décembre 2017 qui a donné la majorité «absolue» aux nationalistes. Les autonomistes devaient fusionner selon l’engagement pris à l’unanimité lors de leur Congrès d’octobre, le PNC revint sur sa décision mais participa à la coalition. Les postes de l’Exécutif comme les Agences et Offices de la CdC ont été répartis entre les coalisés.

 

Une coalition est un pis-aller qui peut servir de relais pour franchir un cap dangereux.

Quand elle perd de vue l’essentiel, le sauvetage d’un Peuple menacé sur sa Terre pour n’être que des élus locaux « qui ne font pas la loi », titrés mais sans moyens pour lever cette menace, elle tend à stériliser le jeu politique de fond et à être une usine électoraliste. Un espace clos pour jeux de Nomenclatures.

 

Dans l’ancien système des clans dynastiques, les mairies étaient contrôlées en deux circuits fidélisés, celui de Giacobbi et celui de Gavini/Rocca Serra.

L’Assemblée Unique a supprimé les deux conseils généraux et il semble que ce vide soit comblé par un système qui lui ressemble. 19 ComCom dont 2 communautés d’agglomérations, Aiacciu et Bastia les plus peuplées, en croissance démographique, créant des emplois et à PIB valables. Les 17 autres, 6 en Corse du Sud et 11 en Haute Corse, moins bien pourvues et celles de l’intérieur où sévit la précarité.

Le poids des deux communautés d’agglo va être déterminant pour la future majorité à l’Assemblée Unique.

Le maire d’Aiacciu a su conduire sa barque. Un moment perplexe lors des primaires de droite pour les élections à la Présidence de la République, il avait opté pour Juppé. Camille de Rocca Serra pour Fillon. Devant la confusion des leaders parisien, il n’a cessé de rassurer les divers protagonistes locaux qui, enivrés par la rupture de système courroie de transmission des clans reliés aux centrales des partis alternant au pouvoir à Paris, s’agitaient pour les élections à venir. Il n’a cessé de répéter qu’il n’avait comme projet que sa ville. Certains des agités, natios compris, ont pris cela pour de la faiblesse. Et ont pensé que Aiacciu était un fruit  mûr, qu’on pouvait réussir dans la ville impériale le coup de Bastia. Les divisions des opposants ont permis à Laurent Marcangeli de se renforcer et de présider sa communauté d’agglo.

Il n’a pas tardé à dire qu’il aviserait pour le reste. Désormais il faudra compter avec lui.

 

À Bastia, Pierre Savelli devrait s’en sortir. Un peu d’usure du pouvoir, quelques mécontentements et surtout pas mal de chienlit à l’intérieur de la « famille nationaliste » entre composantes de la coalition majoritaire pour maintenir ou gagner postes et mandats, et le cérémonial de l’anniversaire de la mort d’Erignac mis en scène par le nouveau Président Macron ont redonné espoir aux adversaires.

Ils ont compris que la majorité « absolue » ne serait pas l’interlocuteur du gouvernement et comme opposants locaux ils ne pouvaient que bénéficier de son aide, que le sourire girondin n’avait aucune suite… Les résultats des scrutins antérieurs indiquaient que pour reprendre la citadelle de Bastia, il fallait une coalition. Un accord de second tour était anxiogène, plein d’incertitude, par contre la coalition de tous d’emblée rendant une victoire possible malgré les contradictions idéologiques. On l’escompte mobilisatrice de tous les mécontents déclarés ou non, de toutes les influences administratives, de tous ceux qui profitant du statut quo ne veulent pas d’une autonomie.

On ne sait ce qu’il en sera à court ou à moyen terme de la coalition, nationaliste et au pouvoir local, ou contre elle pour la chasser. On est bien dans un cycle de chocs de coalitions à répétition. Et on ne voit pas comment il peut cesser avant la fin du calendrier électoral, après donc les élections de la Présidence de la République, après la réélection ou non de Macron…

Si Pierre Savelli est reconduit, la CAB sera le point d’appui du nationalisme. Mais Aiacciu, cité impériale, peut devenir un pôle d’attraction non nationaliste pour ne pas dire anti nationaliste. Avec peut-être le contre poids de Portivechju si le PNC de Jean Christophe Angelini l’emporte…

Da seguità…

Max Simeoni.