Catalogne

La victoire politique d’ERC

Cinq parmi les prévenus catalans emprisonnés ont été élus aux législatives. Oriol Junqueras, Raul Romeva, Jordi Sanchez, Jordi Turull et Josep Rull ont été élus députés ce 28 avril, alors qu'ils sont actuellement en plein procès à Madrid. Scrutin après scrutin, le peuple catalan affiche de plus en plus fortement son soutien à ses représentants et à son souhait d’indépendance.

Avec un excellent résultat, Esquerra Republicana di Catalunya est sortie largement vainqueur du scrutin législatif du dimanche 28 avril. Le 26 mai prochain, auront lieu dans une même journée les élections municipales et européennes. Favori à Barcelone, le parti d’Oriol Junqueras, qui conduit lui-même leur liste européenne, attend à nouveau de très bons résultats.

ERC obtient 15 sièges, JxCat 7 sièges, 22 sièges pour les partis indépendantistes sur les 48 députés qui sont élus en Catalogne. Ils en avaient 17 dans le précédent Parlement, leur progression est forte et encourageante. Mais c’est ERC qui réalise la progression, de 9 à 15 sièges, JxCat passant de 8 à 7 députés, un recul cependant moindre que ce que prédisaient les sondages.

La première victoire des indépendantistes catalans est la défaite cinglante que subissent les forces les plus espagnolistes. Le «champion électoral» de ce courant, Ciutadans, qui soutient Manuel Valls pour la mairie de Barcelona, stagne avec 5 sièges, le niveau qui était le sien dans le précédent parlement, au tout début de sa percée électorale au détriment du Partido Popular. Ce résultat médiocre efface totalement les discours triomphalistes de sa représentante Inès Arremadas, qui, lors des élections autonomiques du 21 décembre 2017 qui avaient suivi le référendum, s’était déclarée «première force de Catalogne». Quant au Partido Popular, il ne conserve qu’un seul siège en Catalogne, tandis que Vox, l’épouvantail de l’extrême droite post-franquiste, réalise un score faible et n’emporte qu’un seul siège. Pour les tenants de la régression centralisatrice, c’est une déroute électorale en Catalogne.

Anti-indépendantiste, mais prônant un nouveau dialogue sur l’avenir de la Catalogne, le Parti Socialiste Catalan tire profit de sa position plus modérée, en recueillant 12 sièges, contre 7 sièges pour la droite ultra. Et au total le vote anti-indépendantiste recueille pour la première fois moins de députés aux Cortès que le vote indépendantiste (22 contre 19). Les sept sièges restants reviennent à la formation catalane affiliée à Podemos, qui se prononce pour l’autodétermination sans prendre position sur l’indépendance.

Pour les prochaines européennes, ERC a placé Oriol Junqueras comme tête de liste, et l’ALE en a fait son «spitzenkandidat» pour toute l’Europe. JxCat a comme tête de liste Carles Puigdemont dont la popularité est toujours très grande en Catalogne.

L’élection des deux principaux protagonistes du procès de Madrid au Parlement Européen va donner un nouveau «mal de tête» aux tenants de l’Espagne éternelle et à leurs alliés du groupe PPE.

L’autre grand enjeu de ce scrutin du 26 mai sera la Mairie de Barcelona. ERC est favori dans les sondages, et les résultats de ce dimanche ont confirmé son excellente implantation dans la capitale catalane.

Une victoire à Barcelona, dont l’agglomération regroupe plus 50% de la population du pays, serait une première pour les nationalistes catalans.

ERC et JxCat restent alliés au sein de la Generalitat présidée par Quim Torra qui est un proche de Carles Puigdemont. Mais leurs analyses diffèrent sur la suite à donner au referendum du 1er octobre 2017 et à la répression qui a suivi. Depuis son exil, Carles Puigdemont prône une «ligne dure» avec une trajectoire de rupture. Depuis sa prison, Oriol Junqueras privilégie la consolidation de la majorité indépendantiste, qui a obtenu 48% des voix en Catalogne en décembre 2017, consolidation nécessaire notamment à Barcelone et dans le Sud où l’indépendantisme est historiquement minoritaire.

La ligne stratégique d’ERC est sortie renforcée des urnes catalanes.

Au sein des futures Cortès de Madrid, cette position pourrait amener ERC à favoriser la réélection de Pedro Sanchez à la tête du gouvernement espagnol, comme ils l’avaient fait il y a 18 mois en votant pour lui afin d’écarter la droite PP/C’s du pouvoir à Madrid. Avec 15 députés ERC a en effet un pouvoir de bascule sur la majorité à Madrid.

Que ce soit pour l’issue du procès en cours, ou pour relancer un processus de dialogue avec l’État espagnol jusqu’à la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple catalan, c’est une position de force d’Esquerra Republicana di Catalunya qui est sortie des urnes ce dimanche 28 avril 2019.

François Alfonsi.

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