ANRU

Transformer et moderniser Lupinu !

La construction des quartiers sud de Bastia a démarré dans les années 60, en rupture avec la ville historique, sans réflexion d’ensemble, pour se trouver une alternative à l’expansion urbaine impossible au Nord, et orchestrée par les promoteurs immobiliers qui y trouvaient là une opportunité foncière où les complicités politiques qui nourrissaient clanisme et clientélisme n’ont pas manqué…

 

 

À l’époque, on ne réfléchissait pas à l’aménagement du territoire, on disait « quand le bâtiment va, tout va » et on se souciait peu du sort des habitants que l’on concentrait dans ces quartiers qui se sont agrandis, toujours sans projection et sans harmonie globale, sans lien avec la ville ancienne, parfois sans équipements. Bien sûr, à mesure de l’expansion de ces quartiers, on a bien dû y mettre des écoles, des services publics, mais les constructions se sont souvent faites de manière cloisonnée, et, avec des Hébergements à Loyers Modérés, on y a concentré des populations précaires que la municipalité allait visiter seulement en période électorale pour y multiplier les promesses, l’octroi de logements sociaux, de bons alimentaires ou de petits boulots.

 

Progressivement abandonnés, dans des lots qui se dégradaient, sans entretien, sans réhabilitation, ces quartiers ont aujourd’hui mauvaise presse, où pèsent divers phénomènes de société. Même si nos quartiers n’ont rien à voir avec les banlieux des grandes villes du Continent, c’est un héritage qui est lourd et sur lequel l’actuelle municipalité bastiaise se penche quotidiennement. Mais il faudra du temps et beaucoup d’investissements pour réparer des décennies d’abandon.

Heureusement il y a l’envers de ce décor.

Des associations très investies, des habitants qui aiment leur quartier, un état d’esprit à l’âme villageoise, une jeunesse qui ne demande qu’à s’investir, et une grosse attente.

 

Il y a aussi des programmes de rénovation urbaine et autres dispositifs de l’État ou de la Collectivité de Corse pour rattraper les retards de développement de ces quartiers défavorisés.

Le premier programme de rénovation urbaine lancé en 2006 a été plutôt une réussite, il a vu la destruction de la dite « grande barre », et l’émergence d’un quartier nouveau avec ses équipements sur le secteur de la Cité Aurore (que les habitants appelaient « cité horreur »).

Autour de la place Papi, une nouvelle polarité s’installe progressivement mais réclame un accompagnement que veut conduire la majorité municipale pour améliorer le cadre de vie des habitants, lutter contre les inégalités et y intégrer davantage de mixité sociale.

Aux responsabilités depuis 2014, elle veut circonscrire la mauvaise image de Lupinu à travers notamment un nouveau programme de rénovation urbaine, dans le prolongement du premier, et dans une zone toujours classée quartier prioritaire de la ville, qui a grand besoin d’être désenclavée.

 

Le secteur comprend 750 logements de l’Office Public de l’Habitat de la Collectivité de Corse (anciennement Office HLM). 2000 locataires sont concernés. Objectif : requalifier le quartier, l’ouvrir sur l’extérieur, y installer espaces et aménagements publics, réhabiliter les logements, rénover les voiries, dynamiser le commerce, susciter l’initiative économique, améliorer l’accessibilité et la mobilité, mais aussi mieux répondre aux services dus aux habitants avec la restitution des voiries à la ville, lui permettant ainsi qu’à la Communauté d’agglomération, d’intervenir par exemple pour la gestion des déchets, l’éclairage public, l’entretien des espaces verts et d’améliorer ainsi les conditions de vie de ces quartiers. Bref, une rénovation de tout ce secteur qui contribuera à transformer Lupinu.

Si 272 logements, voire davantage, seront réhabilités, cette réorganisation du quartier nécessite cependant, on le sait, la déconstruction de 104 autres logements qui seront reconstitués pour l’Office. Ce qui entraînera le relogement progressif des familles concernées dans du neuf ou dans d’autres résidences sur place ou ailleurs. La ville et ses partenaires ont donné toutes les garanties à ces locataires d’une prise en charge totale de leurs difficultés et de leurs souhaits dans le cadre de ce relogement. Ils sont et resteront prioritaires. Aussi, eu égard à l’ampleur du projet, à l’impact sur une grande partie de la population des quartiers sud, mais aussi à l’inquiétude légitime des personnes concernées par la déconstruction, les tentatives d’instrumentalisation sont détestables. Les habitants de Lupinu ont besoin de considération, de franchise et de solidarité pas de manipulation et de mensonges.

 

Ateliers participatifs, porte à porte, concertations diverses et variées, la ville travaille justement à impliquer les habitants à ce projet et même à les impliquer très concrètement, comme par exemple au travers de la mise en place d’un chemin piéton avec ses aménagements publics réfléchi et conçu avec les résidents.

Le Directeur de l’Agence Nationale de la Rénovation Urbaine était à Bastia ce 25 juillet pour assister à un nouveau Comité de Pilotage. Il a confirmé l’engagement de l’ANRU à un niveau très important aux côtés de tous les acteurs. Soit un budget global de 40M d’euros, avec une forte participation de l’ANRU de l’ordre de 11M€ sur laquelle s’alignera la Collectivité de Corse également très investie. L’OPH2C, la Ville et la CAB complèteront le montage financier qui sera validé à la rentrée. La Convention devant être signée avant la fin de l’année.

« Améliorer le quotidien des usagers du quartier, leurs conditions de vie, renforcer le vivre ensemble, et le bien-être. Ouvrir le quartier sur l’extérieur, l’inscrire dans une dynamique, le relier au territoire, pour passer d’un mode de fonctionnement en “cités” vers une volonté de “faire quartier”, voilà ce qui figure parmi nos objectifs, en plaçant l’habitant au coeur du changement, c’est l’une des clés de réussite du programme » explique Emmanuelle de Gentili, chargée de ce lourd mais passionnant challenge.

 

Fabiana Giovannini.