Lycée Bernat Etxepare

Le fleuron de Seaska !

Hur Gorostiaga, directeur de Seaska, nous présente le lycée Bernat Etxepare, du nom du premier écrivain en langue basque. Il est la fierté de la filière Seaska, compte plus de 400 élèves, dont plus de 120 en internat, une cinquantane d’enseignants, 20 administratifs représentant 16 équivalents temps plein. Son jeune directeur, Iban Thicoipe, est un « pur produit » de la filière qu’il a suivi dès la maternelle pour aboutir sa carrière professionnelle en gérant ce bel établissement qui vient d’afficher 100 % de réussite au Baccalauréat 2021 : 95 jeunes en filière classique, 5 en sciences et technologies du management et de la gestion, et 19 en filière professionnelle ! Le lycée a assuré ses cours en présentiel tout au long de l’année, dans un respect strict des gestes barrières et, comme le réclame l’Éducation Nationale, ses jeunes ont passé l’épreuve en langue française, bien qu’ayant suivi majoritairement leur cursus en langue basque. Malgré cela, « les pouvoirs publics savent qu’on a des résultats en français qui sont au-dessus du niveau des autres lycées, où les cours sont en français. La société basque connaît notre apport. On est très heureux de ce résultat » confie Iban. Une quarantaine de jeunes basques ont fait de la résistance en rendant leur devoir de philosophie entièrement rédigé en euskara, la langue basque. Malgré la sanction, eux aussi ont eu leur Bac ! Felicitazioni è forza Seaska chì ci face sunnià !

 

Le lycée Bernat Etxepare, c’est le fleuron de Seaska ?

Oui c’est le lycée de Seaska, le seul lycée en langue basque du Pays Basque ! Il regroupe des enfants qui viennent d’un peu partout. C’est un lycée général, technologique et professionnel, avec son internat, sa cantine, et sa cuisine. Une cuisine qui produit ici pour l’ensemble des écoles aux alentours, y compris la filière publique. C’est un joli progrès pour la langue basque.

 

Et c’est Seaska qui l’a construit ?

Oui, c’est nous ! Nous avons reçu l’aide du Conseil régional pour les Bâtiments et c’est sur un terrain de la Communauté d’agglomération du Pays Basque qu’il a été construit. Nous avons donc reçu l’aide des pouvoirs publics.

 

C’est l’aboutissement de tout un cycle d’enseignement que vous avez pu mettre en place ?

Tout à fait, les enfants qui commencent à 2 ans ou 3 ans à l’école, finissent leur cursus jusqu’au Bac. Ce nouveau lycée a été ouvert – il y en avait un ancien avant – en 2017, et la progression des élèves n’arrête pas. On en est à plus de 400 élèves, alors qu’il y a trois ans, nous n’arrivions pas à 300.

 

Les besoins augmentent pour un autre lycée ?

C’est la question que l’on se pose. On a grandi déjà en 2017, avec ce nouveau lycée, puis on l’a agrandi en 2019. Aujourd’hui se pose la question de savoir si on l’agrandi sur place ou si l’on crée un deuxième lycée, ce sont toutes les interrogations que nous avons en ce moment.

 

Vous avez de très bons résultats et le lycée est très bien classé à l’échelle nationale…

Ici on a de très bons résultats, chaque année on est dans les 40 premiers lycées de France et on a eu des classements parmi les 10 premiers lycées de France. Mais ce n’est pas ça qu’on recherche uniquement. C’est la cerise sur le gâteau qui est le résultat d’un travail. On ne le cherche pas mais on l’obtient quand même. Et c’est vrai qu’on a des Parisiens par exemple qui nous appellent pour inscrire leur enfant. Mais ce n’est pas possible. Il faut qu’il soit bascophone. Mais il y a de plus en plus de collégiens qui ne sont pas de notre filière qui veulent entrer au lycée. Des collégiens bilingues, qui au début ont un peu de mal mais ils s’accrochent. Il y a un suivi aussi des élèves, un tutorat très important des élèves dans tout le cursus, depuis la maternelle jusqu’au lycée. Les enseignants suivent de très près les élèves. Et les élèves sont très autonomes. Donc on arrive à de très bons résultats. Mais le meilleur résultat pour nous, c’est que les élèves sont très heureux et beaucoup d’entre eux finissent profs. Ça veut vraiment dire qu’ils ont aimé leur cursus scolaire.

 

Bref, il y a une vraie dynamique portée par les parents essentiellement et par Seaska ?

Tout à fait. Les parents ont leur rôle à jouer, les enseignants également. Et on sait que les élèves d’aujourd’hui seront les adultes de demain, ce seront eux qui travailleront en langue basque. Les avocats bascophones de demain, les ingénieurs, les architectes, les chauffeurs de bus, les agriculteurs du Pays Basque qui parleront basque, seront sortis de ce lycée. Tous les cadres importants du Pays Basque seront issus de ce lycée. Pour nous c’est un pari très important, un pari d’avenir dont nous sommes très fiers. •

 

L’inspiration basque
Les 12, 13 et 14 septembre 2020, une délégation de plusieurs responsables de Scola Corsa se rendait à Bayonne pour visiter les différentes installations de la Fédération d’enseignement immersif en langue basque, Seaska, ses ikastolas, son collège, son lycée. « S’inspirer des expériences pour bâtir notre modèle » titrait Arritti, avec en sous-titre : « La leçon magistrale de Seaska au Pays Basque Nord ». Tout est dit ! La rencontre fut enthousiasmante et grandement motivante pour les futurs gestionnaires des écoles Scola Corsa !
Un autre voyage d’ailleurs a été organisé avec nos enseignantes en mai dernier.
Peio Jorajuria, président de Seaska et Hur Gorostiaga, directeur, nous ont présenté avec fierté leurs établissements, bâtis à l’énergie des pionniers qu’ils étaient avec les parents d’élèves qui ont porté ces écoles qui comptent aujourd’hui plus de 4000 élèves dans 37 sites scolaires dont quatre collèges et un lycée flambant neuf, soit 15 % de l’effectif scolaire du Pays Basque Nord ! La première ikastola ouvrait en 1969. Le premier lycée 15 ans plus tard. Chaque site s’appuie sur une association, toutes regroupées au sein de la fédération Seaska. « Gestion des enseignants, des aides maternelles, des personnels administratifs, recherche de locaux, en lien avec les municipalités très souvent, parfois en opposition, équipement en mobilier, en matériel pédagogique, cantines scolaires et même internat du lycée implanté au nord de Bayonne : Seaska pourvoit à tout, montrant la force de son réseau et de son modèle d’école associative qui a désormais une place à part entière dans l’offre éducative proposée aux parents du Pays Basque », commentait Arritti.
Modèle dont s’inspire la filière naissante Scola Corsa qui a l’avantage de pouvoir démultiplier ses moyens : soutiens institutionnels (CdC, communes), partenariat ou mécénat d’entreprises, crowndfunding pè a chjama à u pòpulu.
Voi dinù, sustenìteci !